Au Ghana, Sunon Asogli, une centrale thermique de 560 MW, détenue par des capitaux chinois, annonce la cessation de ses activités dans un communiqué publié ce 16 octobre.
Cette décision radicale, en vigueur depuis le 8 octobre, est expliquée par l'accumulation des arriérés de paiement de l'ECG, la compagnie publique en charge de la distribution de l'électricité dans le pays. Lesquels arriérés sont estimés à 259 millions de dollars, soit 156,8 milliards FCFA à fin septembre 2024.
De ce fait, la société chinoise explique ne parvient plus à couvrir ses charges d'exploitation et à faire fonctionner correctement sa centrale. "Notre incapacité à financer nos opérations est due à l'échec de la compagnie d'électricité du Ghana à honorer ses obligations de paiement en souffrance et ses promesses diverses à cet effet", a-t-elle informé.
1,9 milliard USD de déficit financier du secteur électrique
Depuis des années, le secteur électrique du Ghana est dans une crise marquée par une accumulation des arriérés de paiement dus aux producteurs indépendants d'électricité détenant les centrales thermiques. Une situation qui s'explique par plusieurs facteurs.
De prime abord, il y a l'état défaillant des infrastructures de transport qui entraîne une déperdition de 30% de la production électrique. A cela il faut ajouter des prix de vente aux consommateurs inférieurs au coût d'achat de la production. En outre, les coûts de production des centrales étant libellés en dollars (achat de combustibles comme le gaz naturel ou le pétrole en dollars), les fluctuations de la monnaie ghanéenne pèsent sur des coûts d'exploitation de ces dernières. Toutes choses qui creusent le déficit financier du secteur.
De 1,32 milliard dollars (800 milliards FCFA) en 2022, le déficit financier du secteur (les arriérés de paiement) est passé à 1,9 milliard dollars (1 151milliards FCFA) et devrait culminer 2,2 milliards dollars (1 333 milliards FCFA) d'ici 2025, selon une note de la Direction générale du Trésor de France.
Le Ghana dispose d'une capacité de production électrique de 5 639 MW, largement supérieure au pic de la demande qui s'établit à 3 618 MW. Une production assurée par cinq centrales thermiques (Takoradi, Kpone I, Kpone II, Tema, et Sunon Asogli), trois centrales hydroélectriques (Akosombo, Bui, Kpong) et trois centrales solaires (Nzema, Gomoa Onyandze, Navrongo).
Rappelons que la question du déséquilibre financier du secteur électrique est une problématique largement répandue en Afrique subsaharienne. Les Etats font le plus souvent le choix de subventionner le prix de l'électricité sans pour autant avoir toujours les ressources suffisantes pour honorer leurs engagements, ce qui a pour revers de mettre en difficultés les opérateurs privés ayant développé les centrales thermiques. L'autre alternative consiste à faire supporter le coût réel de l'électricité aux populations, ce qui passe par des hausses régulières des prix.
Pour les experts, cette dernière option est celle qui est à même de garantir la viabilité du secteur et donc de rendre attractif le marché pour les investisseurs dans un domaine de la production d'électricité où les besoins restent importants. L'on estime en effet qu'entre 40 et 50% des Africains n'y ont pas accès.
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