Le procureur Sidy Souleymane N’Diaye a aussi réclamé devant le tribunal de Dixinn, dans la banlieue de la capitale Conakry, une amende de 300 millions de francs guinéens (24.000 euros, somme considérable en Guinée) contre Souleymane Condé et Youssouf Diabaté, membres du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) arrêtés en septembre et détenus depuis.
Le jugement a été mis en délibéré au 13 janvier.
Le FNDC, coalition de partis, de syndicats et d’organisations de la société civile, a mobilisé pendant des mois contre un troisième mandat consécutif du président Condé.
La contestation, plusieurs fois brutalement réprimée, a fait des dizaines de morts. M. Condé, 82 ans, a néanmoins été proclamé vainqueur dès le premier tour de la présidentielle du 18 octobre par la Cour constitutionnelle.
Les Etats-Unis, la France et l’Union européenne ont émis des doutes sur la crédibilité du résultat de la présidentielle. La communauté des Etats ouest-africains, ainsi que la Chine ont félicité M. Condé.
La communauté internationale a globalement pris acte de sa réélection.
Souleymane Condé, Youssouf Diabaté, mais aussi Roger Bamba, un membre du principal parti d’opposition, avaient été arrêtés en septembre dans un climat de tension préélectorale, et poursuivis pour « production, diffusion et mise à la disposition d’autrui de données de nature à troubler l’ordre et la sécurité publics ».
M. Bamba, qui devait également comparaîtr, est mort en détention mi-décembre. Le gouvernement invoque la maladie, sa famille parle d’empoisonnement et de « crime d’Etat ».
Le procureur a indiqué que l’action de la justice contre lui était éteinte.
En revanche, il a jugé « inacceptable » que les deux autres prévenus recouvrent la liberté. Il les a accusés d’avoir appelé à l’arrestation d’Alpha Condé et à son placement en résidence surveillée. Il leur a reproché d’accuser le pouvoir d’assassiner des enfants.
« Ces faits sont très graves parce qu’ils incitent à la révolte et à la déstabilisation du pays », a-t-il dit.
Les prévenus se sont défendus d’avoir tenu de tels propos. L’un de leurs avocats, Me Salifou Béavogui, a plaidé contre ce « procureur zélé (qui) ne cherche qu’à briser toute contestation pour se faire une place au soleil ».
Amnesty International et Human Rights Watch dénoncent régulièrement les atteintes aux droist humains commises selon elles par les autorités guinéennes.
Ces dernières les accusent de parti pris.
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