ÀConakry, l’omniprésence dans les espaces publics de panneaux et d’affiches publicitaires aux vives couleurs laisse supposer que le marché de la réclame est florissant. Il n’en est rien. Derrière ces immenses supports multiformes, se cachent de petits prix.
Pour comprendre les raisons de ce marasme, Mathou Kourouma, chercheur, a fait sa thèse sur le marché de la publicité en Guinée avec pour thème «La gouvernance publicitaire: cas de l’Office guinéenne de publicité.»
À la fin de ces travaux de recherche, il s’interroge sur le mode de gestion de ce secteur, «nous disposons de tous les types de supports publicitaires comme les flyers imprimés, les panneaux et la publicité par l’objet. De plus, nous avons un code publicitaire. Mais se pose la question de la règlementation de ce secteur», constate Kourouma.
À ce sujet, il faut rappeler que l’Office de publicité n’est plus chargé de la vente des espaces publicitaires depuis avril 2023. «Il s’agit de changer le statut de l’Office guinéenne de publicité qui va devenir une Autorité de régulation et extraire de ses prérogatives tout ce qui est régie publicitaire» avait expliqué le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo.
L’autre handicap des acteurs du secteur de la publicité, c’est la dimension logistique. Sous-équipées, certaines régies publicitaires locales font appel à des prestataires étrangers, un recours qui fait exploser les coûts, «si le client veut une pub sur du tissu, nous allons à Dakar ou à Abidjan», confie un opérateur.
La référence au Sénégal et à la Côte d’Ivoire voisins n’est pas fortuite, les recettes publicitaires y paraissent conséquentes. «Sous la direction du Conseil Supérieur de la Publicité, l’Etat ivoirien a fait une prévision pour l’année 2022 basée uniquement sur la taxe (communication audiovisuelle) estimée à 3,9 milliards de francs CFA, soit 55,9 milliards GNF. Au Sénégal, d’après l’Agence Ecofin, les dépenses dans les grandes chaînes publicitaires sont chiffrées à 11,4 milliards GNF» rapporte un site spécialisé.
Cette gouvernance d’un secteur à la croisée des chemins impacte directement les médias, dont le modèle économique repose en grande partie sur les recettes de la pub. Sydya Sambou, aujourd’hui consultant en communication et qui a été commercial au sein de plusieurs entreprises de presse, sait de quoi il parle lorsqu’il affirme que «quand on prend un marché pour réaliser un spot publicitaire pour une marque, qui a besoin d’une campagne de promotion pour être connue, ça relève du combat. Et aujourd’hui malheureusement, c’est très mal payé. Pour un spot d’une minute, les annonceurs ne veulent même pas débourser l’équivalent de 250 euros».
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