Condamnés et radiés de l’armée
Le général de division Abalo Kadangha – qui devait partir à la retraite le 20 novembre prochain – a été reconnu coupable de complot contre la sûreté intérieure de l’État, d’entrave au bon fonctionnement de la justice et de complicité d’assassinat. Il a été condamné à vingt ans de réclusion criminelle.
Également accusé, le colonel Kodjo Ali, commandant du Groupement d’achat des Forces armées togolaises au moment des faits, et le caporal-chef Songuine Yendoukoa, chauffeur du défunt, écopent pour leur part de 15 années de prison. Enfin, Balakyème Bouwè, ex-commandant de l’unité de sécurité militaire, et la soldate Laletou Akouna, secrétaire de permanence la nuit des faits, ont chacun été condamnés à cinq ans de réclusion.
Tous les cinq sont en outre exclus de l’armée et devront payer, au titre des dommages et intérêts, un milliard de francs CFA à l’État togolais et 1 franc symbolique à la famille du défunt – son frère aîné, Calixte Madjoulba, ancien ambassadeur du Togo en France, a été nommé le 8 septembre dernier ministre de la Sécurité et de la Protection civile.
Deux autres officiers, le lieutenant-colonel Senam Agbonkou, ancien commandant en second du colonel Bitala Madjoulba, et le commandant Kpatcha Atèkpè, adjoint au commandant de l’unité de sécurité militaire, ont en revanche été acquittés. Ils pourront réintégrer leurs fonctions dans les jours à venir.
Assassiné dans son bureau
La victime commandait le premier bataillon d’intervention rapide (BIR) et avait été assassiné dans son bureau dans la nuit du 3 au 4 mai 2020, quelques heures seulement après l’investiture de Faure Essozimna Gnassingbé – cérémonie à laquelle Bitala Madjoulba venait d’assister.
À la barre le 26 octobre dernier, le général Kadangha, autrefois très puissant, avait rejeté les accusations portées contre lui, affirmant que le colonel Madjoulba était « comme [son] fils ». Il avait répété n’être mêlé ni de près ni de loin à son assassinat. Il avait une dernière fois protesté de son innocence, ce mardi 7 novembre, avant que le jury ne se retire pour délibérer, plaidant aussi pour son maintien dans l’armée.
Ce procès, aussi sensible qu’attendu, s’était ouvert le 23 octobre dernier à Lomé. Dix-neuf témoins à charge se sont succédé à la barre. Parmi eux, le colonel Tchakbéra. Il avait passé une partie de la soirée du 3 mai 2020 avec le colonel Madjoulba, de 18h30 à 21h30. Face à la cour, il a affirmé que quelques heures avant sa mort, la victime lui avait conseillé de se méfier de tout le monde avec cette phrase : « le ver est dans le fruit ». « Le ver ici, a insisté le colonel Tchakbéra, c’est le général Abalo Kadangha, et le fruit ce sont les forces armées togolaises. »
Autrefois proche du président togolais Faure Gnassingbé dont il a épousé une sœur, Félix Abalo Kadangha fut, de 2013 à 2020, le chef d’état-major général de l’armée togolaise. Il avait été arrêté le 12 janvier dernier. Reste à savoir si le général – qui n’a pour l’heure pas fait appel de sa condamnation – purgera sa peine à la prison civile de Lomé ou de Kara.
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