Pour les premières fois depuis des décennies, les Libanais ont affiché une rare unité face à des pressions exercées par l’étranger. Cette union sacrée leur a permis d’éviter une grave crise politique aux conséquences incalculables.
Le Liban a progressivement absorbé les effets politiques de la crise provoquée par la démission surprise, à partir de Riyad, du Premier ministre Saad Hariri, le 4 novembre, et son séjour entouré de flou dans la capitale saoudienne. Confronté par le passé à des événements d’une ampleur similaire ou moindre, le pays avait sombré dans d’interminables crises gouvernementales ou constitutionnelles, ponctuées, parfois, d’affrontements armés.
L’instabilité politique a commencé en 2004, avec la prorogation pour trois ans du mandat du président de la République pro-syrien, Emile Lahoud. L’extension de ce mandat avait été précédée de l’adoption au Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 1 559, sous l’impulsion de la France et des Etats-Unis. Ce texte s’opposait à la reconduction du mandat d’Emile Lahoud et exigeait, pour la première fois, le désarmement du Hezbollah, qui avait réussi, quatre ans plus tôt, à chasser Israël de la bande frontalière qu’il occupait au Liban-Sud.
Pour de nombreux analystes, cette résolution marque le début de la division politique d’après-guerre entre les Libanais. Depuis, les crises politiques n’ont jamais cessé. La division s’est transformée en profonde fracture avec l’assassinat, le 14 février 2005, de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri. Un meurtre attribué à la Syrie puis au Hezbollah par une partie de la classe politique du pays. Deux camps se sont alors dégagés : la coalition pro-occidentale du 14-Mars et l’alliance du 8-Mars, proche de la Syrie et de l’Iran. La tension politique entre ces deux blocs de représentation populaire presque égale a explosé le 7 mai 2008. Ce jour-là, le Hezbollah a pris le contrôle par la force des armes de Beyrouth et de la plupart des régions libanaises pour empêcher le démantèlement par le gouvernement de Fouad Siniora, dominé par le 14-Mars, de son réseau de télécommunication.
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