En 2012, les députées algériennes étaient les championnes du Maghreb en nombre de sièges obtenus au Parlement. Cinq ans plus tard, alors que les élections législatives approchent, leur influence au sein de l'institution est contrecarée par le conservatisme grandissant de la société.
« C’est une insulte pour la femme et la société algérienne ! » Comme toutes les militantes féministes, l’avocate, Nadia Ait Zai, a été scandalisée par l’apparition de femmes sans visage sur plusieurs affiches électorales, leurs traits ayant été grossièrement effacés à l’aide de Photoshop. Ces candidats aux élections législatives ont rapidement été surnommées les « femmes fantômes ». « Elles briguent la députation nom de Dieu, elles vont représenter le peuple. Comment peut-on accorder sa confiance à un visage anonyme ? », tempête-t-elle.
« Elles n’ont qu’à rester chez elles ! »
Dans les médias algériens, elle a entendu « tout et n’importe quoi ». Comme cette femme qui a choisi de cacher son visage par « pudeur ». Ou cette autre qui dit avoir agi ainsi par « respect pour sa famille ». « Si elles veulent rester invisibles, elles n’ont qu’à rester chez elles ! », fulmine la militante.
Il a fallu que le gouvernement algérien adresse des mises en demeure aux partis politiques ayant autorisé cette pratique. Mais pour beaucoup d’Algériens, il aurait dû intervenir avant que le mal ne soit fait. « Oui, l’État a failli par manque de contrôle, mais c’est avant tout la responsabilité des partis politiques. Archaïques et opportunistes, ils ont complètement faussé l’esprit de la loi de 2012 qui consacre le rôle de la femme en politique », explique Nadia Ait Zai.
Avec Jeune Afrique
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