Cris, bousculades et arrachages de micro ont marqué la séance parlementaire de l'Assemblée nationale malgache du 3 avril, le tout sous l'oeil impassible du chef de gouvernement et de ses ministres. Une heure et demie après le début du vote sur trois projets de lois électorales, les députés de l'opposition, ulcérés, ont quitté la salle et n'y sont plus revenus, laissant ainsi le champ libre à 78 députés pro-gouvernement.
« Le président de l'Assemblée nationale a refusé tout débat, se plaint Hanitra Razafimanantsoa, députée du parti TIM, fondé par l'ancien président Marc Ravalomanana. Il est tout de suite entré dans le vif du sujet, article par article, parce qu'ils étaient sûrs que le nombre était atteint. Nous doutons de ce nombre de 78, parce qu'il y a des députés qui ont perçu de l'argent mais qui n'ont pas levé la main. Nous avons pris des photos, nous avons toutes les preuves. Mais cela fait vraiment honte. L'Assemblée nationale est devenue un palais de la corruption. C'est le gouvernement, ce sont les conseillers du président de la République qui financent, qui corrompent les députés ! »
Recours en constitutionnalité
Christine Razanamahasoa, députée du Mapar, le parti d'Andry Rajoelina dont elle est l'ex-ministre de la Justice, condamne ces tractations financières qui auraient eu lieu ce week-end.
« Comment voulez-vous croire au vote qui a été acheté ? déclare-t-elle. Les députés ont reçu une enveloppe conséquente allant jusqu'à 50 millions d'ariary [12 000 euros environ]. On ne veut pas être complices d'une loi qui donne largement la place à la dérive, à la dictature, à l'élimination arbitraire des candidats. On a déposé une doléance auprès du Bianco [Bureau indépendant de lutte anti-corruption] parce que ce n'est pas de cette manière qu'on vote une loi qui est très très déterminante pour apporter l'apaisement dans le pays ».
Ces textes, une fois adoptés au Sénat, devraient permettre de définir enfin un agenda clair pour l'élection présidentielle à venir, et de connaître entre autres, les véritables conditions d'inéligibilité des candidats. Le Sénat, acquis au pouvoir, devrait dans quelques jours adopter à son tour ces textes.
Ultime recours pour l'opposition : que la Haute cour constitutionnelle invalide certains articles au motif d'inconstitutionnalité.
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