Désormais, la diplomatie est à l’œuvre pour tenter d’endiguer cette nouvelle crise au Mali. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir ce mercredi dans la soirée, à la demande du Niger et de la France. Il faut tout remettre à plat, car il y a neuf mois, la Cédéao avait pesé de tout son poids pour fixer une transition la plus courte possible et un transfert rapide des pouvoirs aux civils. D’après nos informations, le colonel Assimi Goïta s’évertue à rassurer les uns et les autres sur ses intentions : notamment l’organisation des élections générales en 2022 comme prévu. Certains interlocuteurs le croient, d’autres sont sceptiques.
Le chef de l’ex-junte, dort très peu depuis lundi, jour de l’arrestation par ses hommes du président et de son Premier ministre. Son agenda chargé est tenu par son plus proche collaborateur, le capitaine Demba N’Daw, directeur de cabinet avec rang de ministre. C’est généralement cet homme discret qui lui passe au téléphone les nombreux personnalités étrangères qui souhaitent avoir des nouvelles de la situation.
A mi-chemin des dix-huit mois - âprement négociés en septembre dernier -, Goodluck Jonathan et sa délégation sont de nouveau à la recherche d’une issue à cette nouvelle crise politique institutionnelle au Mali. Le médiateur de la Cédéao est arrivé sur place hier, et s'est déjà entretenu avec le responsable de la junte.
Rencontre solennelle
La rencontre avait un côté solennel selon un témoin. Le vice-président, le colonel Assimi Goïta, a pris la parole pour un plaidoyer pro domo. Il a repris les grandes lignes de son communiqué publié après l’arrestation du président de la transition et de son Premier ministre.
Il a contre eux un chapelet de griefs. Par exemple, le fait de ne pas avoir été consulté avant le remaniement ministériel - ce qui pour lui constitue une violation de la charte de transition. Il a également abordé la question de la crise sociale qui, toujours selon lui, ne trouvait pas de solution. Et les responsables en sont le président Bah N’Daw et son Premier ministre Moctar Ouane qui ont été placés « hors de leur prérogatives » hier, mardi 25 mai.
Ce premier rendez-vous s'est terminé tard dans la nuit. Après l’avoir écouté attentivement, la délégation conduite par Goodluck Jonathan a clairement évoqué la possibilité pour l’institution de la sous-région de prendre des sanctions, notamment contre des militaires, lors d’un prochain sommet ad hoc de la Cédéao. Les militaires impliqués dans ce dernier coup de force sont proches du Comité national pour le salut du peuple, à l’origine du coup d’État du 18 août 2020. Les Européens, qui ont « condamné avec la plus grande fermeté l'arrestation du président du Mali et de son Premier ministre », selon le président Macron hier, lors de leur sommet, pourraient très rapidement suivre dans la prise de sanctions.
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