Au moins deux fosses communes ont été découvertes par la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) dans la région de Kidal, dans le nord du Mali. Une enquête de la division des droits de l’homme est en cours dans cette région théâtre d’un regain de violences entre groupes armés pro-gouvernementaux et combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).
La division des droits de l’homme de la Minusma mène l’enquête dans la région de Kidal, où les exactions contre les civils se sont multipliées ces dernières semaines. Les enquêteurs se sont notamment rendus à Anéfis, « où l’existence de charniers a été rapportée », précise la Minusma dans un communiqué diffusé ce samedi 5 août. Sur place, les enquêteurs ont constaté « l’existence de tombes individuelles et de fosses communes ».
« Il y a eu des exécutions sommaires »
« Nous avons pu établir l’existence de deux tombes individuelles, ainsi que de deux fosses communes. Mais nous ne connaissons pas, bien sûr, le nombre de corps dans ces deux fosses communes. Encore moins les circonstances des décès ou d’exécutions de ces personnes. La mission va essayer de continuer à mener les enquêtes afin que nous puissions faire la lumière et établir les responsabilités », précise à RFI Guillaume Ngefa, directeur de la division des droits de l'homme de la Minusma.
L’identification des corps et la datation de leur décès s’avère « très difficile », insiste Guillaume Ngefa, qui évoque même un « défi » pour les enquêteurs. Les enquêteurs de la Minusma ont cependant pu « établir » que, sur la période de juin à juillet 2017, « il y a eu effectivement des exécutions sommaires », sans pour autant être pour l’instant en capacité d’en établir les circonstances.
A Anéfis, les témoignages confirment
Joint par RFI, le maire adjoint d’Anéfis confirme que des exactions ont bel et bien été commises. « La population a confirmé cela », affirme Izga Ag Sidi, qui a accueilli les enquêteurs de la Minusma dans sa localité. « Je les ai rencontrés après qu’il ait fait leur travail et fouillé les tombes », explique-t-il. Les enquêteurs de la Minusma ont également rencontré la population. « Des gens ont confirmé qu’il y avait des parents qui ont été exécutés et qui ont été rapidement mis sous terre. Ils ont été enterrés par des agents exécuteurs », précise le maire adjoint d’Anéfis. « Cela m’a fait très mal, j’ai été choqué, parce que chez nous, sur notre territoire, on n’a jamais vu des exécutions sommaires de ce genre », rapporte-t-il, insistant sur le fait que ces exécutions auraient été « réalisées par (…) des gens de notre communauté touarègue ».
Reprises des combats depuis juin
Malgré l’accord de paix signé à Alger en juin 2015, les combats ont repris dans la région de Kidal entre les groupes armés pro-gouvernementaux – le Groupe d’autodéfense touareg Imghad (Gatia) et leurs alliés rassemblés au sein de la Plateforme - et les combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad. Ces deux groupes antagonistes sont supposés former les patrouilles mixtes du Mécanisme opérationnel conjoint (MOC).
Les combats, qui durent depuis le mois de juin, ont été intenses dans la zone, poussant même certaines ONG à retirer leurs équipes d’intervention sur le terrain. Fin juillet, Bamako a envoyé Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil islamique du Mali, pour tenter de mener une médiation.
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