Human
Rights Watch (HRW) a accusé lundi les forces armées maliennes et des
combattants "étrangers" assimilés aux paramilitaires russes du groupe
Wagner d'avoir exécuté des dizaines de civils dans le centre du Mali
depuis décembre 2022, lors d'opérations antijihadistes.
"Ces
abus ont été commis lors d'opérations militaires menées en réponse à la
présence de groupes armés islamistes dans les villages de Ouenkoro,
Séguéla, Sossobé et Thioffol" dans le centre, et dans les régions de
Mopti et Ségou dans le centre, à indiqué HRW.
HRW
a aussi dénoncé des cas de torture de détenus, de destructions et de
pillages de biens appartenant à des civils. Avec le départ de la Mission
des Nations unies du pays d'ici la fin 2023, l'ONG pousse l'Union
africaine et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest à
faire pression pour mettre fin aux abus et demander des comptes aux
autorités maliennes.
Ce
nouveau rapport fait suite à un autre publié par l'organisation des
droits humains le 13 juillet, dénonçant la multiplication des
"meurtres", "viols" et "pillages" à grande échelle par les jihadistes
sur les civils dans le nord-est du Mali.
L'ONG
rapporte les témoignages de 40 personnes interrogées et qui ont fait
part de l’implication d’hommes étrangers armés, non francophones, les
décrivant comme "blancs", "Russes" ou "appartenant à Wagner".
Elle
fait état de huit corps retrouvés sans vie à la suite d'un assaut lancé
le 3 février par des combattants étrangers "blancs" en uniforme contre
le village de Séguéla, "qui s’est soldé par des passages à tabac, des
pillages et l’arrestation de 17 hommes".
Dans
une autre attaque à Ouenkoro, au moins vingt civils auraient été tués,
dont une femme et un enfant âgé d’environ six ans lors d'une opération
militaire menée par des soldats maliens et étrangers "blancs", selon
l'ONG.
Dans
leur réponse à HRW, le gouvernement malien a indiqué qu'il n'était au
courant d'aucune violation des droits de l'Homme, mais que le Procureur
de la République "a ouvert une information judiciaire pour crime de
guerre et crime contre l’humanité contre X".
La
junte au pouvoir depuis 2020 s'est détournée de la France pour se
tourner politiquement et militairement vers la Russie. Elle dément la
présence de Wagner et parle d'instructeurs de l'armée russe déployés au
nom d'une coopération d’État à État.
L'ONU
a accusé en mai dans un rapport l'armée malienne et les combattants
"étrangers" d'avoir exécuté en mars 2022 au moins 500 personnes lors
d'une opération antidjihadiste à Moura, dans le centre du pays, ce que
réfute la junte malienne.
Le
Mali est en proie depuis 2012 à une crise sécuritaire profonde, nourrie
par des groupes jihadistes et séparatistes ou proclamés d'autodéfense.
Partie du nord, elle s'est propagée au centre du pays et au Burkina Faso
et au Niger voisins.
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