Les conditions de détention de l’ancien Premier ministre, de plus en plus affaibli, font l’objet d’intenses tractations avec les autorités. Au point de le voir évacué à l’étranger ?
Après 54 jours passés derrière les barreaux de la maison centrale d’arrêt de Bamako, l’état de santé de Soumeylou Boubeye Maïga (SBM) inquiète ses proches et certaines acteurs internationaux, comme la Minusma. Selon l’un de ses avocats, l’ancien Premier ministre malien, qui a accès à son médecin personnel depuis la prison, souffrirait d’une pathologie cardiaque qui lui a valu quelques années plus tôt une opération du cœur. Il aurait perdu 7 kilos et se plaint de douleurs.
« Certains me feraient volontiers la peau »
Selon ses avocats, il est détenu dans un dortoir avec 76 autres prisonniers, alors que la capacité maximale de la cellule est de 30 personnes. « Il vit dans des conditions d’hygiène sommaires. Ce dortoir manque d’air, puisqu’il ne comporte qu’une seule fenêtre qui possède une ouverture de 20 cm et une seule toilette. Des rats se promènent entre les détenus », ajoute un proche. À l’un de ses amis, SBM a également fait part de ses craintes vis-à-vis de certains codétenus. « Certains me respectent, en revanche d’autres me feraient volontiers la peau », confie-t-il.
Lors d’une visite à la prison, Aguibou Bouaré, le président du Conseil national des droits de l’homme (CNDH) qui a voulu s’enquérir de ses conditions de détention a dénoncé une « surpopulation carcérale » et rappelé aux autorités maliennes « qu’en matière pénale, la liberté est la règle et la détention provisoire, l’exception ».
Négociations au sommet
Tandis que ses avocats cherchent à sensibiliser l’opinion publique, la détention de SBM fait l’objet d’intenses négociations entre son entourage et les autorités maliennes. Plusieurs propositions avaient été avancées pour améliorer ses conditions de vie. Dès les premières semaines de son incarcération, les autorités avaient accepté de mettre à sa disposition une cellule individuelle de la maison centrale. L’intéressé avait alors déboursé un million de F CFA pour rénover la pièce. Mais il refusera d’y passer ses nuits, afin de ne pas été être isolé. Il partage en revanche un bureau, avec les agents pénitentiaires, d’où il peut téléphoner et recevoir ses visiteurs.
Au cours des négociations, il avait aussi été question de le transférer dans les locaux de l’École de gendarmerie, dit Camp 1, où sont incarcérées les personnalités qui ont servi l’État. SBM a finalement rejeté cette option, car il ne veut pas partager les mêmes locaux que Moussa Diawara, l’ancien patron de la DGSE, qui y est détenu depuis le 5 juin.
Vers le Sénégal ou le Maghreb ?
La défense de SBM a déposé il y a quelques semaines une demande de mise en liberté surveillée qui a été rejetée par la chambre d’instruction de la Cour suprême. « Rien, dans le code de procédure pénal malien, ne permet de transformer un mandat de dépôt en assignation à résidence surveillée », a-t-elle rappelé.
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