Ouverte ce lundi à Bamako, la Cour d’assises spéciale est censée faire la lumière sur une cinquantaine d’affaires impliquant près de 200 personnes.
La Cour d’Assises spéciale sur les crimes économiques et financiers s’est ouverte ce lundi 1er juillet 2024. Cette session exceptionnelle qui s’étendra sur deux mois, vise à juger une cinquantaine d’affaires impliquant plus de 180 personnes, dont plusieurs personnalités de haut rang.
L’une des affaires les plus emblématiques concerne l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires. Soumeylou Boubèye Maïga, ancien premier ministre et Bouaré Fily Sissoko, ancienne ministre de l’Économie et des Finances, ont été incarcérés en août 2021 pour leur implication présumée dans ces malversations. Bouaré Fily Sissoko a récemment comparu devant la Cour Suprême, demandant « la tenue rapide de son procès afin de laver son honneur ».
Les enquêtes ont révélé des détournements massifs de fonds publics. L’achat de l’avion présidentiel a coûté environ 18,9 milliards de FCFA, avec des irrégularités financières et des fraudes évaluées à 28,5 milliards de FCFA pour l’ensemble des deux dossiers. Le montant total des irrégularités dans les contrats d’acquisition d’équipements militaires est estimé à 69 milliards de FCFA. Cependant, certaines sources estiment que cette affaire pourrait ne pas être jugée.
L’autre affaire qui passera devant la Cour d’assises est celle appelée « SECURIPORT ». Elle implique également des hauts responsables, dont le général Salif Traoré, ancien ministre de la Sécurité, et Seynabou Diop, ancienne ministre de l’Équipement et des Transports. Ce dossier porte sur un contrat signé en 2016 pour la fourniture et l’exploitation d’un système de sécurité aéroportuaire. Les investigations ont révélé que l’État malien a été privé d’environ 8 milliards de FCFA en raison de la suppression de clauses contractuelles avantageuses. Harouna Modibo Touré, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, avait également été interpellé dans cette affaire avant de bénéficier d’une liberté sous caution en 2021.
Un autre dossier important concerne EDM S.A. (Énergie du Mali), où plusieurs scandales de détournement ont été signalés. Les enquêtes ont révélé des malversations financières significatives, avec des écarts de 315 000 litres de fuel lourd et des montants détournés atteignant plusieurs milliards de FCFA. Deux anciens directeurs généraux, Oumar Diarra et Koureïchi Konaré, ont été interpellés et sont actuellement en détention. De plus, l’ancien ministre de l’Énergie sous la transition, Seydou Lamine Traoré, a été interpellé en janvier 2022 pour son implication présumée dans cette affaire.
Bakary Togola, ancien président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM), est également au centre d’une affaire majeure. Il est en détention pour des accusations de détournement de fonds liés aux ristournes des producteurs de coton. Ce scandale, qui a tenu en haleine le secteur cotonnier du pays, implique une douzaine d’accusés et porte sur des détournements de plusieurs milliards de FCFA.
La session de la Cour d’Assises spéciale intervient dans un contexte de renforcement de la lutte contre la corruption au Mali. Le procureur général près de la Cour d’appel de Bamako a insisté sur l’importance de l’engagement des magistrats dans cette lutte, soulignant que seule une « justice rigoureuse et impartiale permettra de restaurer la confiance des citoyens dans les institutions ».
Les enquêtes menées par le Bureau du Vérificateur général et la section des comptes de la Cour suprême ont mis en lumière l’ampleur de la fraude et de la corruption. Les sessions d’assises, qui se tiendront jusqu’à la fin du mois d’août, permettront de juger ces affaires et de sanctionner les responsables.
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