Au Nigéria, le conseil exécutif fédéral a approuvé la proposition du président Bola Tinubu de vendre du pétrole brut à la raffinerie du groupe Dangote en naira. L'intérêt de cette décision, qui sera ensuite élargie aux autres raffineries locales, est d'“assurer la stabilité du prix à la pompe du carburant raffiné et du taux de change dollar-naira”, selon un communiqué du gouvernement cité par la presse locale. Premier producteur africain de pétrole et abritant l'une des plus grandes raffineries au monde, le Nigéria est le théâtre de pénuries de carburants depuis quelques jours.
L'annonce stipule que la NNPC, la compagnie pétrolière publique, vendra aux raffineries locales, 445 000 barils de brut par jour destinés à la consommation interne, à un taux de change fixe qui sera révisé tous les six mois. “Actuellement, ces transactions sont effectuées en dollars américains, ce qui met à rude épreuve la liquidité en devises du Nigéria”, a indiqué le gouvernement. Quant-à la raffinerie du groupe Dangote, elle recevra de la NNPC, 4 cargaisons de brut par mois contre un besoin actuel de 15 cargaisons qui nécessitent une dépense de 13,5 milliards USD. Cela représente donc un taux d'approvisionnement garanti de 26,6%, le reste devant être fourni par les autres producteurs et les négociants internationaux.
Pour Dangote Petroleum Refinery (DPR), il ne peut s'agir que d'une bonne nouvelle, puisque la raffinerie est désormais assurée d'avoir plus d'un quart de la matière première à sa disposition, ce qui était loin d'être le cas ces dernières semaines. En effet, si le gouvernement fédéral avait prescrit aux producteurs de réserver une part de leur pétrole aux raffineries locales, certaines usaient de stratagèmes pour échapper à cette exigence et continuer à exporter toute leur production. En juin dernier, Devakumar Edwin, vice-président du pétrole et du gaz chez Dangote Industries Limited (DIL), accusait les compagnies pétrolières internationales qui exploitent le pétrole au Nigéria de gonfler les primes pour exporter leur pétrole et ne pas le vendre à la raffinerie contraignant cette dernière à des importations notamment des États-Unis et du Brésil.
L'autre intérêt de la décision du gouvernement c'est qu'elle épargnera Dangote du risque de change alors que la monnaie nigériane est en forte dépréciation par rapport au dollar. Ainsi, effectuer des transactions en naira plutôt qu'en dollars pourrait réduire la pression sur les réserves extérieures du Nigéria, contribuant ainsi à stabiliser le taux de change dollar-naira et à contrôler l'inflation. C'est également une petite victoire pour Aliko Dangote qui essuie de vives critiques au sein de l'industrie pétrolière notamment sur la qualité du carburant produit et sur des pratiques monopolistiques.
Pour les Nigérians on pourrait s'attendre à ce que ce renforcement des capacités du raffinage local influe sur les coûts du carburant à la pompe, le pays étant épargné en grande majorité de la conjoncture internationale. Doté d'une capacité de production de 650 000 bpj, la raffinerie du groupe Dangote ne devrait tourner à plein régime qu'à partir du 1er trimestre 2025.
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article