En Ouganda, les députés ont adopté la suppression de la limite d'âge des candidats à la présidence. C'est une réforme qui a fait polémique ces derniers mois, car jusque-là, le président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, n'était pas autorisé à se représenter en 2021. En adoptant cet amendement de la Constitution, les députés modifient les textes de loi en faveur du président.
L'amendement visant à modifier la Constitution a été adopté haut à la main par 315 voix contre 62. Et pourtant, il a fallu trois longues journées de débats agités.
L'ambiance était crispée : des députés de l'opposition ont cassé des assiettes et jeté des ustensiles en signe de désapprobation. Ils ont été évacués manu militari du Parlement.
Sur le fond, ce projet de loi supprime la limite d'âge pour être élu président.
Deux mandats maximum
Autre changement : ce projet de loi réintroduit la limitation à deux du nombre de mandats.
Cette modification entrera en vigueur après la prochaine élection présidentielle. Du coup, de nombreuses voix se sont élevées ces derniers mois, dénonçant une énième manipulation juridique pour permettre au chef de l'Etat, Yoweri Museveni, âgé de 73 ans et en poste depuis 1986, de briguer un mandat de plus.
Par ailleurs, le mandat des députés a été rallongé : il passe de cinq à sept ans, ce qui repousse les prochaines législatives à 2023.
Ce projet de loi doit désormais être approuvé par le chef de l'Etat pour entrer en vigueur.
Nombreuses réactions
Pour l'avocat et défenseur des droits de l'homme Nicholas Opiyo, la limite d'âge était « l'unique soupape de sécurité » qui aurait permis au chef de l'Etat d'abandonner pacifiquement le pouvoir. Il parle d'un « revirement démocratique » qui va - selon lui – « enraciner le régime autocratique et dictatorial en Ouganda ». Une autre réaction, celle de Gilbert Olanya, élu de l'opposition. Lui, n'hésite pas à comparer le président ougandais - au pouvoir depuis 31 ans - à Robert Mugabe au Zimbabwe ou à Mouammar Khadafi en Libye.
Côté pouvoir, le porte-parole du Mouvement de résistance nationale assure que ce projet de loi n'est pas fait pour bénéficier à Yoweri Museveni. Officiellement, il s'agit de « lutter contre la discrimination par l'âge ». Mais le chef de l'Etat ougandais n'en est pas à son premier coup d'essai.
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