Présidentielle au Gabon : Mobilisation anti-fraude des anti-Bongo

Paranoïa ou crainte justifiée ? Les partisans de l’alternance au Gabon multiplie les alertes et se disent déterminés à empêcher toute fraude à la présidentielle qui s’est tenue samedi. « Qu’ils essayent de tricher et ils vont voir », a lancé devant l’école Batavea de Libreville un groupe de partisans de Jean Ping, principal opposant au président sortant, Ali Bongo. Ces électeurs se sont autoproclamés « comité de vigilance », selon l’AFP dans un reportage sur place.

Dieudonné, un sexagénaire, en fait partie. Il a décidé de « ne pas bouger » de son lieu de vote jusqu’au dépouillement. Et pour cause. Quelques heures plus tôt, une femme a été prise la main dans… l’urne en train de vouloir voter deux fois. Clamant fort leur volonté de tourner la page Bongo, les partisans de Ping craignent de se faire « voler leur victoire ».

Cette mobilisation générale dope l’espoir de Claude Richardin, 36 ans. Elle dit : « Les élections ont été truquées jusque-là, mais cette fois il y aura peut-être la transparence. »

Dans un communiqué diffusé samedi, le ministre de l’Intérieur, Pacôme Moubelet Boubeya, assure que « tous les éléments sont réunis en vue de garantir un scrutin transparent et impartial ».

Dans le quartier voisin de Lalala, une dame signale à l’AFP « un problème au bureau numéro 5 ». Un électeur du nom de Christian Ename crie à la « tentative de fraude ». Il déplore que des bulletins aient été simplement cochés et non signés par le président du bureau de vote et ses assesseurs. Il accuse aussi le représentant de l’opposition dans le bureau d’être à la solde du parti au pouvoir pour « laisser passer la fraude ».

Cet incident, relève l’AFP, a retardé le vote pendant près d’une demi-heure. Il apporte de l’eau au moulin des initiateurs de la page Facebook « Les Gabonais de la honte », qui fait circuler une vidéo pointant un « bureau-pirate » installé dans les locaux du parti d’Ali Bongo, PDG (au pouvoir) et démantelé par la population.

628 mille électeurs étaient appelés aux urnes samedi pour élire le futur président du Gabon. Les résultats pourraient être proclamés mardi prochain.