Une part de 54 % de cette valeur ajoutée est revenue au gouvernement du Mali qui serait ainsi le premier bénéficiaire de l’exploitation du précieux métal dans notre pays. Le reste de la valeur ajoutée est réparti entre les autres actionnaires des mines industrielles ainsi que leurs salariés et administrateurs. Les ressources procurées par l’or ont représenté en moyenne 20 % des ressources du gouvernement sur la période indiquée. «Contrairement à des idées reçues sans fondement scientifique, l’or du Mali profite bien au Mali et le gouvernement en est le premier et le plus grand bénéficiaire», a-t-on défendu. Il s’agit uniquement des exportations des compagnies minières car l’or extrait à partir des mines artisanales ne figure pas dans les statistiques de notre commerce extérieur. Il se retrouve cependant pris en compte indirectement dans le calcul du PIB.
De 2012 à 2021, le Mali a exporté plus de 25 milliards de dollars d’or vers les Emirats arabes unis (EAU). Pendant la même période, notre pays a déclaré exporter vers ces Emirats moins de 217 millions de dollars. Autrement, moins de 1 % des exportations issues de l’orpaillage a été déclaré. En francs CFA, les montants correspondants donnent le tournis car c’est environ 14.000 milliards de F CFA d’or qui auraient été ainsi exportés à l’insu des autorités de la République du Mali. «Si ce n’est pas avec la complicité de certaines d’elles», ironise un acteur influent du secteur.
Aux cours mondiaux annuels, cela correspond à une production d’environ 532 tonnes. Pour la seule année 2021, environ 127 tonnes d’or pour une valeur monétaire d’environ 4 062 milliards de F CFA du Mali ont été exportées vers Dubaï. Ces exportations illégales ont entraîné une perte financière d’environ 990 milliards de FCFA en 2021 et 3 408 milliards de FCFA sur la période 2012-2021. D’où l’urgence de réorganiser entièrement l’orpaillage pour que rien n’échappe désormais au contrôle de l’Etat dans ce sous-secteur.
C’est sans doute pourquoi les participants au colloque du CERM n’ont pas été avares en recommandations en la matière. Ils ont ainsi souhaité que le secteur de l’orpaillage soit encadré de façon efficiente car il produit annuellement environ 20 tonnes d’or par an pour quelque 2 millions d’orpailleurs opérant désormais dans presque toutes les 19 régions du Mali, selon les estimations de la Chambre des mines du Mali.
Ils également préconisé la création des couloirs d’orpaillage ; la sensibilisation de la population sur les lois et règlements miniers ; la mise en place des centrales d’achat d’or sur les couloirs d’orpaillage ; la création d’un guichet unique pour l’exportation de l’or issu de la production artisanale ; la création d’une synergie entre les acteurs du secteur minier et les acteurs des autres secteurs car l’orpaillage est transversal ; la sélection par le gouvernement des sites considérés comme favorables pour la certification (projet PGSMM : Projet de gouvernance du secteur des mines/PGSM de la Banque mondiale, Femmes et enfants des communautés minières artisanales au Mali/FEMA)…
Le renforcement des compétences des faîtières du secteur de l’exploitation minière et artisanale à petite échelle (EMAPE) pour assurer l’appui aux organisations minières pilotes ; la coordination de toutes les initiatives qui existent pour encadrer l’orpaillage (l’Etat, les PTF et les entreprises minières ainsi que les acteurs du sous-secteur de l’artisanat minier) ; l’organisation du circuit (tracer les origines de l’or ; le renforcement des capacités des orpailleurs traditionnels)… figurent aussi en bonne place parmi les recommandations formulées à l’issue de ce colloque organisé à Bamako du 3 au 4 juillet 2023 sur la rentabilisation des mines dans notre pays.
Il est aujourd’hui dans l’intérêt du pays, qui cherche les moyens de consolider sa souveraineté retrouvée par une émergence socio-économique pérenne, que ces recommandations pertinentes ne dorment pas dans des tiroirs, mais qu’elles soient intégralement traduites en actions concrètes. Il nous revient de traduire en réalité la direction stratégique pris par le pays pour faire de la capture d’une partie importante de la chaîne de valeur, la production de plus de revenus, la création d’emplois et la stimulation du développement économique local un acquis pour le Mali et les Maliens ; pour que nos richesses puissent briller pour le pays et chaque citoyen par une exploitation contrôlée, maîtrisée avec ressources générées judicieusement utilisées.
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