Avant d’entrer en campagne, il est allé prier. En cette chaude matinée de mai, Raila Odinga a pris le chemin de la cathédrale de Nairobi. Accompagné de ses fidèles et soutiens, debout sur les bancs de bois ciré, le leader de 72 ans a un instant fermé les yeux. Dans quelques heures, il sera officiellement désigné candidat à la présidentielle kényane. Sa quatrième tentative. Et, il le sait, sa dernière. Mais à quels mânes se vouer ? Ceux de son père, héros de l’indépendance ? Ceux de son fils, décédé il y a deux ans et qu’il a pleuré en cette même chapelle ? Ceux de ses partisans, morts par dizaines pour son nom en trente années de vie politique ? À la sortie de l’église, Raila Odinga ne dira rien. Il a trouvé la force. De retour en campagne, Dieu comme seul confident. « Agwambo », le mystérieux, fidèle à sa légende. Raila Amolo Odinga, chef de l’opposition kényane, affronte mardi 8 août dans les urnes le président sortant Uhuru Kenyatta. Un rendez-vous avec l’histoire, celle du pays et la sienne, auquel il n’a en vérité jamais songé renoncer. Car la politique est sa vie. Sa drogue. Un sport qui le maintient en vie. Un décathlon, dont il a pratiqué et maîtrise à la perfection chaque discipline comme peu d’autres sur le continent : élections, coalitions, manifestations, prison, exil, bain de sang, coup d’Etat. La panoplie totale d’un opposant tout-terrain.
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