Après son concert éclair de 18 minutes sur la scène du Femua, le 12 septembre à Abidjan, la star congolaise a choisi de s’expliquer. Jeune Afrique publie son droit de réponse.
« Le Femua est un événement culturel majeur pour l’Afrique et pour la promotion des musiques africaines sur le continent et pour les diasporas. J’ai toujours pris plaisir à y participer et toujours vécu comme un honneur d’y être convié au fil de mes années de carrière. Cependant, cette édition n’a pas eu la même saveur… Dès les prémices, de nombreux problèmes sont apparus. D’abord, d’ordre budgétaire. J’ignore les raisons de ces coupes, mais les conditions de voyage de mon équipe s’en sont ressenties. Puis, d’ordre logistique, ce qui a conduit à cette situation qu’on a choisi d’ériger en polémique. Je tiens toutefois à saluer la détermination des organisateurs qui, en dépit de ces lacunes, ont fait le maximum pour maintenir le festival.
Ce dimanche, le groupe et moi-même étions d’abord programmés à minuit. Je suis un artiste, j’ai l’expérience de la scène et sait que la programmation peut parfois être retardée. Passer une heure plus tard n’aurait pas entraîné de scandale. Mais ce n’est que vers 23 h 45, alors que nous étions prêts à faire le show, que l’on est venu nous prévenir que notre passage avait été décalé à 4 h du matin !
« La déception fut douloureuse »
En 40 années de carrière assidue, rien ne m’a jamais plus meurtri que l’idée de manquer une rencontre avec mon public ; où qu’il se trouve. Nous avons donc pris notre mal en patience et trompé l’attente en profitant de la magie des lieux de fête abidjanaise. De retour sur le festival, en avance pour être à l’heure, comme toujours, on nous annonce encore un report : nous passerons finalement à 6 heures du matin.
Mais à notre arrivée sur scène, alors que nous étions décidés à célébrer cette musique que nous aimons tant, malgré tout, la déception fut douloureuse. Imaginez ce public, mobilisé depuis la veille au soir, épuisé par une succession d’artistes des plus talentueux, qui, au petit matin – et cela est naturel –, commence à ressentir la fatigue et à déserter les lieux. Imaginez l’état de ces jeunes après une soirée enivrée par les basses et les percussions.
Si vous pouvez le ressentir, imaginez encore l’état de fatigue qu’a dû combattre un homme de mon âge après des heures d’attente ; imaginez l’état de lassitude de mes musiciens et danseurs dont on a brutalement fait redescendre l’adrénaline à trois reprises… Imaginez-nous, imaginez-moi, doyen des ambassadeurs de la musique africaine, affronter une poignée d’irréductibles clairsemés dans cet espace. Moi, surplombant l’endroit et capable d’apercevoir le sol et tout cet air rempli par le vide.
« Nous aurons d’autres rendez-vous »
J’ai vécu cet épisode comme un manque de considération envers ma personne, mes musiciens, et en particulier envers mes fans qui en ont fait les frais. Ils sont les seuls à qui j’adresse mes excuses, bien qu’on ait choisi de me jeter en pâture.
Cette affaire n’en n’est pas une mais je vous devais ma version. Abidjan, nous aurons d’autres rendez-vous. Vive la musique et vive l’Afrique. Rendez-vous le 27 novembre à Paris, pour ceux qui pourront y être, afin de partager cette passion que nous avons en commun depuis le début.
Votre Mopao »
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