Un nouveau drame secoue le milieu hospitalier au Sénégal. Trois professionnels de santé ont été arrêtés après le décès d'une mère et de son bébé, lors de son accouchement dans le centre de santé de l'hôpital de Kédougou, dans le sud-est du pays. Ces deux décès s'ajoutent à d'autres précédents mettant en lumière les faiblesses du système de santé sénégalais.
Un gynécologue, un anesthésiste et un infirmier ont été placés en garde à vue à Kédougou, dans la nuit de mercredi, après le décès d'une mère et de son bébé. Une enquête a été ouverte contre ces trois personnes notamment pour « homicide involontaire » selon Baye Thiam, le procureur de Kédougou. Dans un communiqué, il a évoqué « une forte négligence médicale » ainsi qu’« un manquement manifeste aux règles élémentaires de la médecine » dans cette affaire.
Un rapport que conteste Fodé Danfakha, médecin-chef du district sanitaire de Kédougou et secrétaire général régional du Syndicat autonome des médecins du Sénégal, qui avait appelé à la grève nationale vendredi 2 septembre pour soutenir leurs confrères. « Tout ce qu’on demande, c’est d’avoir un avis d’expert. Qu’il puisse venir voir ce qui s’est passé, interroger les personnes concernées. C’est ça qui permet d’amener la lumière. Mais ce qui est écrit dans le communiqué est diamétralement opposé à ce qui s’est fait durant la prise en charge. »
Selon lui, les accusés auraient dû rester en liberté pour continuer à exercer, dans cette région qui fait face à un manque de personnel avec seulement deux gynécologues et deux techniciens anesthésistes qui sont actuellement soit arrêtés soit en grève.
« Dans la région de Kédougou, les blocs opératoires sont fermés. La personne décédée est déjà décédée mais ils sont en train de condamner je ne sais combien de femmes d’ici à ce que ces collègues soient libérés. Ils peuvent les convoquer à chaque fois qu’ils veulent. A quoi bon les mettre en garde à vue, tout en mettant en danger toute une population ? »
L'association sénégalaise des gynécologues obstétriciens a soutenu ses confrères, dénonçant une « arrestation abusive ». Elle affirme que l'équipe qui a pris en charge la femme enceinte et son bébé a eu recours à la « technique obstétricale », appropriée. Et de dénoncer des conditions de travail difficiles dans cette région enclavée la plus pauvre du Sénégal.
Mais le récit du décès de la parturiente dans la presse a suscité l'émotion dans le pays. Surtout que ce décès arrive quelques mois après une série de drames : la jeune Astou Sokhna, enceinte de neuf mois, avait péri à Louga, en avril dernier, après une vingtaine d'heures à se plaindre de douleurs ; puis onze bébés sont morts près de deux mois plus tard dans un incendie à l'hôpital de Tivaouane.
Le président Macky Sall avait reconnu « l'obsolescence » du système de santé et ordonné son audit.
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