Au Sénégal, la nouvelle loi électorale a été adoptée dans la douleur par les députés ce jeudi. Les discussions ont été enflammées pour débattre du texte, que l'opposition refuse d'accepter en l'état. Plusieurs personnalités qui s'y opposent, dont l'ancien Premier ministre Idrissa Seck, ont d'ailleurs été interpellées puis relâchées tôt ce vendredi 20 avril.
Cette loi introduit la notion de parrainage pour tous les futurs candidats à la présidentielle. Avant, cette disposition ne s'appliquait qu'aux candidats indépendants. Concrètement, aujourd'hui, pour être candidat, il faut être en mesure de réunir le parrainage de 0,8% du corps électoral, c'est-à-dire de 52 000 personnes réparties dans au moins sept régions différentes du pays. Des « électeurs », qui selon le texte, ne peuvent parrainer qu'un seul candidat à la fois. « Pour des raisons de contrôles », souligne ce texte, chaque électeur doit décliner l'ensemble de son identité et fournir son numéro de carte d'électeur.
Pour le ministre de la Justice, l'esprit de ce texte, c'est d'« assainir la démocratie ». Avec ce nouveau texte, les autorités veulent prévenir une éventuelle inflation du nombre de candidats à la présidentielle. De fait, le nouveau code électoral est plus contraignant pour les « petits » candidats. On se souvient qu'en 2012, trois candidatures avaient été recalées par le Conseil constitutionnel, parce qu'elles ne réunissaient pas suffisamment de signatures. Il s'agissait des candidatures de Keba Keinde, d'Abdourahmane Sarr et de Youssou N’Dour.
Manifestations
Ce texte a été adopté sur fond de contestation. Des manifestations ont été réprimées à coup de gaz lacrymogène et plusieurs dizaines de leaders politiques et de personnalités de la société civile ont été interpellées puis relâchées au petit matin. Malick Gackou – très influent dans la banlieue de Dakar et ancien cadre du parti de Moustapha Niasse, qui préside l'Assemblée nationale – et Kilifeu du collectif Y’en a marre ont passé une nuit derrière les barreaux. « Nous n'avons pas été entendus ni interrogés », déplore Thierno Bocoum, le leader du mouvement Agir. Il y avait également l'ancien Premier ministre, Idrissa Seck, qui entendait protester contre ce qu'il estime être une violation de « la violation de la Constitution ».
« Je suis sorti à pied et à hauteur de l’université de Dakar un commissaire de police m’interpelle en me disant : votre procession ne serait se poursuivre. Je lui pose la question de savoir si je décidais de marcher seul, est ce qu’il n’y aurait plus d’attroupement ? Puisque la solitude exclut l’attroupement. Il ne me répond pas, je continue de marcher seul. Je demande à mes partisans de faire demi-tour. Et au bout de vingt-cinq mètres de marche - seul -, il m’interpelle sans me lire mes droits. Il me met dans sa fourgonnette, il me gaze jusqu’à ce que le chauffeur de sa fourgonnette lui-même ne puisse plus conduire, tellement ses yeux étaient enflammés ».
Une autre modification du code électoral doit encore être débattue prochainement. Elle impose aux candidats de jouir de leurs droits civiques.
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article