Khalifa Sall a refusé mardi de communiquer au tribunal de grande instance de Dakar les noms des bénéficiaires des fonds de la "caisse d'avance" de sa mairie, dans le cadre de son procès pour "association de malfaiteurs" et "détournement de deniers publics estimés à 1,830 milliard de francs CFA".
Le juge Malick Lamotte a confronté mardi Khalifa Sall avec le directeur administratif et financier de la mairie de Dakar et l'un des percepteurs de l'institution municipale, tous les deux arrêtés en même temps que le maire.
"Le percepteur enferme Khalifa dans la caisse", titre Vox Populi, l'un des titres de la presse quotidienne sénégalaise. Ce journal rapporte que le collègue et coinculpé du maire de Dakar a fait un témoignage à charge contre l'édile, un potentiel candidat à l'élection présidentielle sénégalaise de février 2019, placé en détention depuis mars 2017.
"Je ne pensais pas que les gens avaient cette facilité de retourner leur veste", a réagi M. Sall, cité par un autre quotidien sénégalais, EnQuête, en réponse au témoignage à charge de son collègue.
"Ce n'est pas parce que nous ne pouvons pas donner les noms, mais parce que nous ne devons pas les donner", a répondu Khalifa Sall au juge, au sujet des bénéficiaires des dépenses sociales assurées avec la "caisse d'avance" de la mairie.
"On nous a communiqué une liste des bénéficiaires", a insisté le juge, cité par le journal Le Quotidien. "Je ne donnerai pas de nom", a répliqué M. Sall, affirmant qu'un magistrat a bénéficié des dépenses sociales de la mairie, pour son évacuation sanitaire vers le Maroc, au même titre que des "autorités politiques, religieuses, coutumières…"
Plusieurs journaux sénégalais rapportent, en citant Khalifa Sall, qu'"en 2012, Macky Sall lui-même (le chef de l'Etat, Ndlr) a sollicité ces fonds", ceux de la mairie de Dakar.
Ni Macky Sall, ni quelqu'un de son entourage n'ont réagi à cette révélation.
Khalifa Sall a refusé par ailleurs la demande du juge d'"arbitrer" les témoignages de ses deux collaborateurs. "Ce que vous me demandez là est vraiment pénible. Je préfère me suicider que d'avoir à arbitrer ces deux jeunes avec qui j'ai travaillé", rapportent plusieurs journaux.
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