Le sommet Chine-Afrique, qui se tient du 4 au 6 septembre, est l’occasion pour les pays africains de revendiquer individuellement et collectivement l’attention de Pékin, qui en fera certainement de même avec les dirigeants présents.
Le sommet Chine-Afrique de cette année sera l’occasion d’aborder les thèmes de la gestion de la dette, du changement climatique et de l’évolution du paysage géopolitique de l’Afrique, d’une part, et de la position et du rôle de la Chine dans l’évolution de la dynamique du pouvoir dans le monde, d’autre part.
Le sommet est généralement accueilli alternativement par la Chine et un membre africain, à l’exception de 2021 où il s’est déroulé en ligne en raison de la pandémie de Covid-19.
Le monde a parcouru un long chemin depuis les années 1990, lorsque les pressions exercées par les pays africains ont conduit à la création du Forum sur la coopération sino-africaine.
À l’époque, la Chine émergeait comme la prochaine puissance économique mondiale et l’Afrique, qui cherchait à diversifier ses engagements diplomatiques, s’est tournée vers l’Est alors que les relations avec l’Occident continuaient à se détériorer.
Trente ans plus tard, la Chine est la deuxième puissance économique mondiale et une superpuissance militaire de surcroît. Elle joue un rôle de premier plan au sein du FOCAC, un organisme transformé en instrument lui permettant d’établir et d’approfondir son influence croissante en Afrique et au-delà.
Elle ne fait que suivre les traces d’autres puissances mondiales qui avaient établi des plateformes similaires pour imprimer leur empreinte indélébile sur le continent.
Les sommets UE-Afrique, Turquie-Afrique, Inde-Afrique, France-Afrique et Royaume-Uni-Afrique en sont des exemples flagrants.
Le rôle de tous ces sommets avec l’Afrique est de contrebalancer, voire de neutraliser, les intérêts des uns et des autres sur le continent, qui représente plus d’un cinquième des ressources naturelles les plus convoitées du monde.
Comme toutes les autres plateformes qui courtisent l’Afrique, le FOCAC est conçu pour renforcer la coopération politique entre l’Afrique et la Chine sur la base de cinq grands principes diplomatiques : le respect mutuel de la souveraineté territoriale de chacun, la non-ingérence dans la politique intérieure des membres, la non-agression mutuelle, l’égalité et les avantages mutuels, et la coexistence pacifique.
Le FOCAC est un canal de transfert de ressources de la Chine vers les membres africains qui ont besoin d’aide, de subventions, de prêts et d’annulation de la dette. Cependant, Pékin brandit sa politique d’une seule Chine sur Taïwan comme une condition préalable à l’accès à ces avantages pour chacun des 53 pays africains membres du FOCAC.
Les pays africains ont trouvé la politique de non-ingérence de la Chine très attrayante, ce qui contraste fortement avec l’attitude manifestement condescendante des puissances occidentales, dont les prêts dépendent de références en matière de démocratie et de droits de l’homme des gouvernements bénéficiaires en Afrique.
« La Chine ne juge pas les gouvernements africains et ne les évalue pas en fonction de règles ou de normes démocratiques étrangères, comme le fait l’Occident pour déterminer s’ils méritent un prêt », déclare un observateur des relations entre l’Afrique et la Chine, qui, selon lui, s’inscrivent dans une dynamique différente.
L’un des principes cardinaux du FOCAC est de respecter la trajectoire de développement unique de chaque pays membre, en fonction de sa propre réalité démographique, ce qui est très éloigné des conditions occidentales en matière d’aide.
En 2022, la Chine a annoncé l’annulation de 23 prêts sans intérêt pour 17 pays africains membres du FOCAC, un an après l’échéance de ces prêts.
La Chine représente 17 % de la dette extérieure de l’Afrique, soit 134 milliards de dollars, tandis que les investissements directs étrangers (IDE) de Pékin sont en nette augmentation depuis 2005.
En tant que premier partenaire commercial du continent, la Chine a réalisé l’année dernière des transactions commerciales colossales pour un montant total de 282 milliards de dollars avec l’Afrique, selon les chiffres du site web du Forum économique mondial.
Il Le FOCAC se tient tous les trois ans et constitue un élément d’équilibre dans le jeu complexe des intérêts entre les 53 membres africains du bloc et la Chine, qui est considérée comme une alternative bienvenue à ce que les nations occidentales avaient à offrir au continent au cours des décennies passées.
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