Interrogé par RFI et France24, le chef de la diplomatie française est rentré de sa première tournée africaine qui l’a mené au Kenya, au Rwanda et en Côte d’Ivoire.
« Ce n’est pas à la France d’avoir un avis là-dessus. Nous avons fait notre part du chemin en sortant de la gouvernance du CFA. Maintenant, aux États africains de décider. » Le chef de la diplomatie française a estimé que la France n’avait pas à se prononcer sur l’avenir du franc CFA en Afrique de l’Ouest que l’élection du candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye à la tête du Sénégal plonge dans un peu plus d’incertitude.
« Si les pays africains se mettent d’accord pour changer le nom, organiser différemment leur organisation monétaire, c’est de la souveraineté des États. Nous voulons bien accompagner ce mouvement. S’il s’agit uniquement du symbole du nom, il peut être changé. S’il s’agit d’une organisation différente de l’organisation monétaire, elle peut également être changée », a-t-il observé.
Tenant d’une ligne souverainiste, le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a prôné pendant sa campagne une rupture avec la devise actuelle, utilisée dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA : Sénégal, Mali, Burkina, Niger, Côte d’Ivoire, Togo, Bénin et Guinée-Bissau).
Les billets sont toujours imprimés à Chamalières
Le franc CFA est également utilisé dans six pays d’Afrique centrale, dans une union monétaire distincte, où le débat sur une éventuelle sortie est pour l’heure moins intense. Les critiques envers le franc CFA, dont les billets sont toujours imprimés à Chamalières, en France, ne sont pas récentes. Sa parité, arrimée à un euro fort qui pénalise les exportations, est fréquemment visée par ses détracteurs.
La montée du sentiment hostile à la politique française en Afrique dans plusieurs pays de la région, notamment au sein des populations les plus jeunes, a accentué l’impopularité de la devise. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, gouvernés par des régimes militaires qui ont tourné le dos à Paris et quitté la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pour s’allier avec la Russie, ont eux aussi évoqué une sortie du CFA.
Le 8 avril, Stéphane Séjourné a achevé en Côte d’Ivoire sa première tournée africaine qui l’a mené au Kenya et au Rwanda, l’occasion de saluer « un partenariat équilibré » avec Abidjan qui reste l’un des principaux alliés de Paris sur le continent. Évoquant les « bons résultats de l’économie ivoirienne depuis une décennie », il a également mentionné le rôle de la Côte d’Ivoire dans « la stabilité au niveau régional ». « Nous continuerons à œuvrer avec vous pour cette stabilité », a-t-il poursuivi. De son côté, le président Ouattara a salué « les liens historiques, d’amitié, de coopération particulièrement étroits qui continuent de se renforcer » entre les deux pays, remerciant la France pour son « soutien dans quasiment tous les domaines ».
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