Au Togo, la Commission des lois doit se réunir pour examiner l'avant-projet de loi du gouvernement sur les modifications de la Constitution ce vendredi. Ce n'est qu'ensuite que l'ensemble des députés commencera à étudier le texte proprement dit en séance plénière. Un projet déjà qualifié par l'opposition d'insuffisant et de manœuvre dilatoire alors que la colère gronde dans le pays depuis quinze jours et que la mobilisation dépasse le cadre du Togo.
Cette mobilisation dépasse désormais le cadre du Togo puisque huit organisations africaines de la société civile ont signé une déclaration commune pour soutenir le combat de l'opposition togolaise qui réclame des réformes constitutionnelles et le départ du président Faure Gnassimbé au pouvoir depuis 2005. Le Balai citoyen au Burkina Faso, Iyina au Tchad, Y’en a marre au Sénégal s’associent donc à la mobilisation.
Pour Ghislain Muhiwa, l'un des porte-parole de l'organisation congolaise Lucha, cette mobilisation de l'opposition togolaise s'inscrit dans un courant qui traverse tous les peuples d'Afrique :
« Aujourd’hui, en Afrique, il y a un nouveau banc qui est en train de naître. Le peuple est devenu conscient et de plus en plus exigeant. Je crois que les dirigeants africains devraient s’adapter à cela, de ne pas considérer que nous avons encore ce peuple, jadis, qui s’est résigné aux problèmes de leur pays, qui était dans l’inaction. Il doit considérer que désormais nous avons un peuple qui est conscient de ses droits, qui est prêt à revendiquer, qui est prêt à donner autant de sacrifice pourvu que la liberté puisse être restaurée, que la dignité humaine puisse être respectée. C’est ça, ce qui est en train d’être vu au Togo et je crois que cela va être dans tous les pays où les présidents vont tenter à vouloir s’éterniser au pouvoir comme au Congo où maintenant Joseph Kabila, est train de trouver tous les moyens possibles pour s’éterniser au pouvoir. Cela doit être un exemple pour lui montrer que le peuple congolais aussi, comme le peuple togolais, le peuple burkinabè, va vraiment s’élever pour revendiquer ses droits et nous croyons que ce peuple est capable de les arracher ».
Même avis pour Fadel Barro. Le coordonnateur du mouvement citoyen sénégalais Y'en a marre estime que le Togo suit le vent de l'histoire qui souffle en Afrique. Il appelle la communauté internationale, et en particulier la Cédéao, dont Faure Gnassingbé est le président en exercice, à soutenir les aspirations démocratiques qui s'expriment et empêcher un éventuel embrasement.
« La communauté internationale a un rôle à jouer dans ce cas de figure. Au lieu d’être dans des postures neutres, ou bien de venir jouer aux sapeurs-pompiers, elle peut prévenir justement cet embrasement. La communauté internationale dans ce cas de figure doit s’exprimer clairement pour ne pas encourager des régimes du genre comme ce qu’il se passe en RDC ou à Brazzaville. Partout où des seules personnes par la volonté de leur clan veulent imposer une forfaiture. La communauté internationale souvent a des réactions très timides. Je pense que c’est le moment pour la communauté internationale, particulièrement à la Cédéao et aussi à la Francophonie, de prendre toutes les responsabilités pour amener le président Faure Gnassingbé à prendre les bonnes décisions. C’est le moment pour la Cédéao de marquer un acte fort. Je ne vois pas comment Faure qui n’arrive pas à régler une crise institutionnelle chez lui peut continuer à être le président de la Cédéao ».
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