Un homme d'affaires tunisien de premier plan et un ancien ministre, proches de l'ex-dictateur Ben Ali, ont été écroués dans le cadre de deux enquêtes distinctes pour des soupçons de corruption financière, ont indiqué des médias locaux mercredi.
Un mandat de dépôt de cinq jours renouvelable a été émis à l'encontre de Marouane Mabrouk, 51 ans, ex-gendre de Zine El Abidine Ben Ali (décédé en 2019), qui est à la tête de l'un des plus grands groupes tunisiens (Géant, Monoprix, Orange, Banque BIAT).
Il est soupçonné de corruption dans la gestion d'une entreprise confisquée par l'Etat, dans le cadre d'une enquête ouverte depuis plus de 10 ans sur les fonds publics spoliés sous Ben Ali, a précisé le porte-parole du tribunal de première instance, Mohamed Zitouna, cité par des médias gouvernementaux.
Les enquêteurs soupçonnent un "délit de prise de contrôle d'une entreprise dont l'Etat est contributeur au capital", a ajouté M. Zitouna, précisant que l'entreprise était le groupe alimentaire Saïda (gâteaux, chocolats).
L'ancien ministre des Transports et du Tourisme sous Ben Ali, Abderrahim Zouari, 79 ans, fait aussi l'objet d'un mandat de dépôt de cinq jours renouvelable pour avoir profité de ses fonctions, afin d'obtenir des avantages.
Son incarcération fait suite à "une plainte déposée par une organisation non gouvernementale sur des soupçons de corruption dans un marché public", a précisé M. Zitouna.
Marouane Mabrouk est l'ancien mari de Cyrine Ben Ali, l'une des filles de l'ex-dictateur (1987-2011) issue d'un premier mariage.
M. Mabrouk codirige l'entreprise familiale Mabrouk qui contrôle aussi l'opérateur Orange Tunisie, lancé un an avant la Révolution démocratique, qui a renversé Ben Ali en 2011 et marqué le début du Printemps arabe.
Les avoirs de M. Mabrouk ont été officiellement saisis après la Révolution et transférés dans le fonds Karama Holding, qui supervise tous les biens mal acquis du clan Ben Ali.
Le président Kais Saied, soucieux de renflouer les caisses de la Tunisie endettée à 80%, a créé en mars 2022 une commission de "réconciliation pénale", prévoyant un abandon des poursuites judiciaires en échange du versement de pénalités ou de la réalisation de grands projets.
En mars 2023, M. Saied a limogé le chef de cette commission, lui faisant payer son échec à collecter les sommes espérées, estimées à 4 milliards d'euros par un rapport officiel.
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