L'organisation CAR (Conflict Armament Research), basée en Grande-Bretagne, rend ce mercredi 16 novembre son rapport sur les transferts d'armes transfrontaliers dans le Sahel. L'ONG a travaillé dans une dizaine de pays pour établir une cartographie des flux d'armements dans la zone et dévoile les sources d’approvisionnement des groupes armés et islamistes à travers l’Afrique du Nord et de l’Ouest.
Claudio Gramizzi est l'un des conseillers de l'Organisation. Dans le rapport d'une cinquantaine de pages auquel il a contribué, il lève un coin du voile sur les approvisionnements en armes de la RCA, avant et pendant la crise. Deux sources sont clairement identifiées : la Côte d'Ivoire, côte gouvernementale ; et le Soudan côté ex-rébellion Seleka. Sur le volume d'armes retrouvé, évalué, par l'ONG, près d'une Kalachnikov sur cinq provenait de Côte d'Ivoire, des armes détournées des arsenaux ivoiriens.
Flux d'armes venant de Libye
Contrairement à l'idée largement répandue qui identifie la Libye comme la source principale d'armes dans la région, les groupes jihadistes du Nord-Mali utilisent surtout de l'armement issu du pillage des casernes de l'armée malienne, car le flux libyen a fortement diminué en raison de la demande interne, selon le rapport de l'organisation Conflit Armament Research.
Il y a encore certainement du trafic qui s’opère à partir de Libye. Cependant, la tendance générale des premiers mois qui ont suivi la chute du régime Kadhafi, où l’on assistait, je dirais, à un écoulement systématique des stocks de l’ancienne armée libyenne, l’ancienne armée de Kadhafi, ont certainement ralenti d’un côté. Et puis de l’autre, effectivement, il y a une demande croissante au niveau libyen lui-même, étant donné que l’apparition de beaucoup de conflits inter-communautaires ont créé un besoin local, ce qui fait que lorsque les stocks sont rendus disponibles, effectivement les trafiquants libyens ont plutôt tendance à écouler ça de manière locale, ou à les utiliser directement.
Très certainement, à partir du moment où la surveillance de ces espaces s’est accrue, notamment bien entendu l’engagement de l’armée française et le déclenchement des opérations Barkhane, les routes de trafic traditionnel sont devenues moins exploitées. Si on pense au Mali, par exemple, deux tiers des attaques à la roquette des dix-huit derniers mois ont été surtout effectuées avec de l’armement qui sortait des stocks de l’Etat malien lui-même.
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