Si des usines ont fermé avant, aujourd’hui c’est au tour, en trois ans, de la neuvième usine de Cajou qui avait lancé ses activités en juillet 2021 de fermer. Et ce, avec au total 40 milliards d’investissement perdus à ce jour, dans un secteur sinistré et contrôlé par les exportateurs asiatiques alimentant leurs usines au Vietnam et en Inde, dénoncent les transformateurs locaux.
Il faut signaler que c’est faute de marge et d’approvisionnement régulier en noix brutes durant trois ans, que l’usine Denia d’une capacité de 17 000 tonnes et qui employait 2 000 personnes, a elle aussi été contrainte d'arrêter ses activités de transformation suite à des pertes importantes accumulées depuis 3 ans, expliquent les premiers responsables.
A en croire des experts du secteur ces faillites en cascade s'expliqueraient par l’autorisation exceptionnelle donnée par le Cca depuis 3 ans, aux exportateurs asiatiques de noix bruts d’aller acheter à l’intérieur, en compétition avec les transformateurs de cajou.
Cette autorisation exceptionnelle a permis de donner l'avantage aux exportateurs asiatiques déjà dotés d’un prix officiel Cca pour les exportateurs à Abidjan et San Pedro, plus avantageux que le prix officiel des transformateurs à l’intérieur.
Les transformateurs locaux de cajou face à la concurrence asiatique
Pour les usiniers locaux, l’autre faille du fonctionnement du secteur cajou en Côte d’Ivoire est la pratique d’annonce chaque année par le gouvernement d’un prix minimum obligatoire supérieur au prix réel du marché international, sans aucun système de stabilisation pour supporter ces prix officiels, comme c’est le cas dans le secteur stabilisé du cacao.
Les transformateurs expliquent qu’ils doivent, pour ce faire, surpayer les noix brutes au-dessus du prix minimum. Ces noix surpayées ne sont pas remboursées par une caisse de stabilisation comme c’est le cas dans le cacao et le café. Les usines sont donc contraintes soit d'être en perte soit de faire de fausses déclarations prétendant payer le prix du marché, explique les transformateurs locaux.
En outre, ils estiment que le Cca ne peut comme au Vietnam et en Inde les supporter financièrement face à la crise mondiale sans précédents que connait le secteur cajou.
Un autre constat sur le marché, c’est que les prix de vente de l’amande de cajou ne semblent pas remonter et les coûts de production explosent face à la crise en Ukraine. Si rien n’est fait, les faillites des transformateurs de cajou devraient malheureusement se multiplier en Côte d’Ivoire.
Sous le couvert de l’anonymat, une personne au sein du Ministère du Commerce et l’Industrie interrogée sur le sujet a indiqué : « nous avons aucune emprise sur le Cca et sa politique de commercialisation et d’industrialisation ».
L’on peut donc affirmer que les transformateurs locaux de cajou sont contraints de cesser d’opérer face à la concurrence asiatique malgré un plan de soutien jugé « inopérable ».
Implantée à proximité d’Abidjan, Dénia Ivoire est une unité industrielle spécialisée dans la transformation de noix de cajou qui s’étend sur une superficie de 20 000 m².
Elle dispose d’une capacité de production de 10 000 tonnes par an, et d’équipements de pointe qui assurent le processus de transformation de la noix de cajou de bout en bout. La production est 100% destinée à l’export.
Lancée en juillet 2021, Dénia Ivoire ambitionne à terme d’augmenter considérablement sa capacité de production et devenir un producteur incontournable de la noix de cajou en Côte d’Ivoire.
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