A Sassandra, une station balnéaire située dans le Sud-ouest ivoirien, environ 2 500 acteurs de la pêche artisanale et 2 300 femmes transformatrices de produits halieutiques, opèrent sur ce littoral.
Ces dernières sont dotées de 3 fours améliorés leur permettant d’alléger les tâches.
Pour une gestion efficiente du pôle de débarquement des produits halieutiques, la FAO a mis en place une plateforme de cogestion, impliquant tous les acteurs, et doté le débarcadère de Sassandra de trois fours FTT (FAO-Thiaroye de Transformation).
Cet appui s’inscrit dans le cadre de l’Initiative pêches côtières – Composante Afrique de l’Ouest (IPC-AO), financée par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et piloté par la FAO en vue d’améliorer la gestion des pêches.
Ce projet a permis de préserver la biodiversité marine dans cette zone côtière et de renforcer la gouvernance, ainsi que la chaîne de valeur des produits de la mer. L’Initiative IPC-AO est mise en œuvre en Côte d’Ivoire au Cap-Vert et au Sénégal.
Des fours améliorés
Inaugurés officiellement en mai 2024, les fours FTT sont fonctionnels depuis début septembre 2024.
Après trois semaines, Mme Justine Kouadio, cheffe d’antenne du débarcadère de Sassandra, confie que le local de fumage connaît une fréquentation progressive.
Depuis la mise en service des fours FTT, « nous avons enregistré une moyenne de trois personnes par jour, et plus de 483 Kg de produits traités, soit 37,15 Kg par jour », a dit Mme Justine Kouadio. Ces trois fours FTT, qui font 1,5 tonne de traitement par jour, constituent un centre pilote pour implémenter ces fours améliorés.
« La première semaine, c’était huit personnes, la deuxième semaine, neuf personnes et la 3e semaine 22 personnes », a-t-elle fait savoir, relevant que les femmes, « étaient un peu sceptiques quant à la qualité du produit », mais aujourd’hui elles sont satisfaites.
« Pour d’autres, c’était plus la curiosité qu’elles venaient satisfaire. Avec les premiers résultats, ça intéresse beaucoup plus de personnes », a-t-elle ajouté. Grâce à ces fours FTT et l’aménagement du débarcadère, 95% des activités sont opérés sur ce site et les 5% restants dans les villages environnants.
Le ministère des Ressources animales et halieutiques a mis en place un mécanisme de fonctionnement de ces fours, consistant à spécialiser des femmes pour fumer les poissons. Celles-ci fument les poissons de tous les groupements.
Madeleine Tano Aka, une mareyeuse, exerçant depuis 20 ans dans le secteur, témoigne qu’« aujourd’hui nos clients sont satisfaits ».
Impacts et compétitivité
Avec les fours FTT, « la consommation de bois est réduite par cinq. Car, pour fumer 1 Kg de poissons dans les fours traditionnels, il faut 5 Kg de bois. Or, ici, on a essayé de réduire pratiquement à 1 Kg de bois pour 1 Kg de poissons », note Dr Jérémie Labla Diomandé, consultant à la FAO.
Ces fours améliorés, qui offrent ostensiblement un cadre de travail plus aisé pour les femmes, les exposent moins à la chaleur et aux fumées. Ils leur permettent aussi d’avoir du temps pour vaquer à d’autres occupations, pendant que les poissons sont fumés.
Une étude dans cette cité balnéaire a montré que les femmes qui utilisent les fours traditionnels connaissent une dégradation de leur santé. Pour Mme Justine Kouadio, l’objectif est d’amener progressivement toutes les transformatrices à opter pour les fours FTT.
Aline Aimée Flegbo, qui est venue faire fumer 30 Kg de poissons pour acheminer sur Abidjan, témoigne que « c’est très bien fumé ». Toutefois, elle trouve que le prix de 200 Fcfa le Kg est « coûteux » contre 100 Fcfa initialement.
« Le prix nous dérange, il faut qu’on diminue un peu le prix. Sinon on est satisfaite du fumage du poisson, les poissons sont bien fumés, c’est bien doré », affirme-t-elle. Pour assurer la rentabilité, le Kg de poisson fumé qui était à 100 Fcfa est passé à 200 Fcfa/Kg. Une norme de qualité ISO est d’ailleurs envisagée par le ministère pour accroître la part de marché de la plateforme, voire viser l’exportation.
Au débarcadère de Sassandra, les espèces phares sont la sardinelle et le hareng appelé communément « magne ». En août 2024, il a été enregistré un tonnage de 1,99 million de Kg de débarquements, dont un taux de 67,95% pour la sardinelle, représentant 1,358 million de Kg.
Une plateforme de cogestion
La pêche à Sassandra est l’attraction économique la plus importante. Selon Dr Raymond Taha, le directeur régional des Ressources animales et halieutiques pour le Gbôklè, « nous avons une production halieutique d’environ 5 000 tonnes annuellement » estimée à 5 milliards de Fcfa.
La surpêche et les captures d’espèces marines juvéniles ont provoqué une rareté des ressources halieutiques. Le projet IPC a permis d’observer le repos biologique et de ne pas pêcher les espèces marines juvéniles en vue d’une pêche durable.
Daniel Korantene, un pêcheur, souhaite que la période du repos biologique soit revue parce que le mois de juillet est une saison où il y a beaucoup de poissons. Il partagera que la plateforme de cogestion a, d’ailleurs, permis l’utilisation des filets requis pour éviter les prises de juvéniles.
La plateforme de cogestion a permis de sensibiliser la communauté sur la préservation de la mangrove, utilisée pour le fumage du poisson. Et ce, dans l’optique d’éviter la dégradation des écosystèmes côtiers. Le chiffre d’affaires des fumeuses de poissons est évalué à environ 4 milliards de Fcfa l’an.
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