Malgré une campagne 2022-2023 particulièrement difficile, marquée par une chute dramatique de la production, la filière cotonnière ivoirienne entrevoit des perspectives prometteuses et amorce une phase de redressement.
Les premières Journées nationales des producteurs de coton et d’anacarde (JNPCA) ont permis de présenter une stratégie ambitieuse visant à relancer et transformer la filière cotonnière à l’échelle locale.
Une filière en reconstruction
L’industrie cotonnière ivoirienne a été durement impactée par l’attaque du jasside, un insecte ravageur, qui a fortement réduit les rendements. En 2022-2023, la production est tombée à 236 186 tonnes, soit une baisse de près de 60 % par rapport à 2020-2021. Toutefois, le secteur commence à afficher des signes de résilience avec une estimation de récolte de 347 922 tonnes pour la campagne 2023-2024.
Ivoire Coton : un acteur central
L’entreprise Ivoire Coton, un pilier majeur de cette relance, a marqué les JNPCA en remportant trois des quatre prix décernés, dont celui de la meilleure société cotonnière. En 2022-2023, Ivoire Coton a récolté 93 000 tonnes de coton et produit 38 200 tonnes de fibres. Elle collabore étroitement avec 35 000 producteurs sur 130 000 hectares, jouant ainsi un rôle clé dans la relance de la filière.
Une stratégie de transformation locale
Le gouvernement ivoirien a clairement affiché son ambition de développer la transformation locale du coton. Le vice-président Tiémoko Meyliet Koné a fixé un objectif ambitieux : transformer localement la moitié de la production nationale d’ici 2030. Cette stratégie vise à ajouter de la valeur aux matières premières et à construire une industrie textile compétitive en Côte d’Ivoire.
Le ministre de l’Agriculture, Kobenan Kouassi Adjoumani, a soutenu cette vision en mettant l’accent sur la promotion de la consommation locale, qualifiée de « voie royale » pour stimuler l’emploi et dynamiser l’économie nationale.
Défis et perspectives
Malgré ces initiatives encourageantes, des défis importants subsistent. Une grande partie du coton et de l’anacarde produits en Côte d’Ivoire est encore exportée pour être transformée à l’étranger, ce qui limite les bénéfices économiques directs pour le pays.
L’acquisition récente d’Ivoire Coton par l’homme d’affaires ivoiro-malien Sidi Mohamed Kagnassi pourrait offrir un nouveau souffle à la filière. Ce dernier a appelé à renforcer l’innovation et à promouvoir la durabilité dans la production de coton, en ligne avec les ambitions de transformation du secteur.
Les Journées nationales des producteurs de coton et d’anacarde ont ainsi marqué un tournant symbolique pour un secteur longtemps moins médiatisé que celui du cacao. Reste maintenant à concrétiser ces promesses et à transformer la filière cotonnière en un véritable moteur de développement pour la Côte d'Ivoire.
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article