En Côte d'Ivoire, l'Ecole nationale supérieure de statistique et d'économie appliquée (ENSEA) et l’Agence française de développement (AFD) ont rendu une étude conjointe sur la classe moyenne ivoirienne. Une classe émergente quoique très disparate et qui ne masque pas les effets de la pauvreté dans une très grande majorité de la population.
La classe moyenne, selon cette étude conjointe de l'ENSEA et de l'AFD, représente 27% des 23 millions d'Ivoiriens, soit 6 200 000 habitants. Ceux-ci, selon les barèmes fixés par les statisticiens, gagnent entre 4 (3,39 euros) et 20 dollars (16,99 euros) par jour. Un spectre très large, mais qui correspond en fait à la variation entre revenus importants des campagnes, non formels, et les hauts salaires des villes.
Jean-Philipe Berrou, économiste Science Po-Bordeaux dans un laboratoire de recherche, et coauteur de cette étude, explique que « c’est justement l’intérêt. D’une part, de pouvoir tenir compte de la disparité des situations qu’il y a derrière l’appellation "classe moyenne". Et c’est peut-être l’un des résultats majeurs de notre étude. On est assez mal à l’aise avec l’appellation "classe moyenne". A minima, il faut dire les "classes moyennes", voir dire qu’il y a des groupes sociaux à revenus intermédiaires avec des identités très différentes des uns des autres ».
La pauvreté s'accentue
Si cette classe moyenne a pu augmenter en même temps que la croissance économique constante du pays, souligne l'étude, le phénomène de pauvreté lui s'est aussi accentué. De 10% de pauvres Ivoiriens dans les années 80-90, on est passé à 47% aujourd'hui.
« Si on voulait être complet sur la question sur quelle est la part de ce phénomène de croissance dans l’émergence de la classe moyenne, par rapport à quelque chose qui serait plutôt de l’ordre de la redistribution, on peut dire qu'il y a eu quelques mesures. Il y a eu le smic qui a été doublé, il y a des mesures de grands programmes de logement etc... Cela participe partiellement, ça cible un peu les strates hautes. On n’a pas une réponse complètement définitive sur cette question », analyse Jean-Philippe Berrou.
Une question de la redistribution de la croissance par l'Etat et du ruissèlement de la richesse ivoirienne du haut vers le bas, qui reste un problème constant en Côte d’Ivoire, jugent les experts.
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