C’est l’aboutissement d’un combat qui a commencé il y a quelques années : celui du premier producteur mondial de noix de cajou, lassé de voir partir sa récolte en Asie pour être transformée et réexportée. Lassé surtout de perdre 20 à 25 % de valeur ajoutée sur son produit.
Car vendre des noix décortiquées rapporte entre 1 000 et 1 500 dollars de plus par tonne, explique Pierre Ricau, analyste en chef du service d’informations sur les marchés agricoles N’Kalo. Et surtout l’industrie est créatrice d’emplois. 70 000 tonnes de fruits transformés, c’est du travail pour environ 7 000 Ivoiriens, car l’automatisation du procédé nécessite toujours beaucoup de main-d’œuvre. Autre avantage, une noix décortiquée est un produit plus facile à stocker, et moins périssable qu’une noix brute.
La Côte d’Ivoire avait donc toutes les bonnes raisons pour inciter les investisseurs privés à s’intéresser à la filière. En parallèle elle a pris une série de mesures drastiques pour offrir au marché une noix décortiquée qui soit compétitive avec celle du champion dans le domaine : le Vietnam.
Des mesures incitatives pour une transformation massive
Ainsi, dès 2017, les expéditions d’amandes ivoiriennes ont été encouragées et subventionnées, et celles de noix brutes, au contraire, frappées d’une taxe de 100 francs CFA par kilo. Les résultats d’aujourd’hui sont la concrétisation de cette politique offensive : le taux de transformation a plus que doublé en un an.
Par ricochet, les exportations ont bondi, offrant à la Côte d’Ivoire le statut de troisième exportateur à la place du Brésil. Avec un panel de nouveaux acheteurs, puisque 32 pays ont commandé des amandes de cajou ivoiriennes l’année dernière.
La Côte d’Ivoire a bénéficié d’un avantage particulier lié à la pandémie : la désorganisation du fret maritime a rendu les livraisons de noix décortiquées du Vietnam plus chères et plus incertaines.
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