James Clayton, PCA BHCI explique toute la crise qui secoue sa banque. Dans un courrier adressé à ses collaborateurs, dont Afriksoir a eu copie, il pointe clairement la responsabilité d’Amadou Gon Coulibaly, Premier ministre, ministre de l’Economie, des Finances et du Portefeuille de l’Etat, homme de confiance du Président Alassane Ouattara, président du RHDP. Il pointe aussi les collaborateurs directs de celui-ci. A savoir Adama Coulibaly, ministre de l’Economie et des Finances et sa directrice de cabinet, Minafou Fanta Coulibaly-Koné.
Tout comme vous, c’est avec une certaine surprise, que j’ai appris que Westbridge aurait conclu un accord à l’amiable avec l’Etat de Côte d’Ivoire pour annuler le contrat de cession à travers lequel Westbridge a acquis plus de 51% de parts dans la BHCI. Je tiens à travers ces quelques mots qui suivent à apporter davantage de clarté sur ce difficile chapitre que nous vivons tous ensemble en ce moment.
« ACCORD À L’AMIABLE » POUR PROCÉDER À L’ANNULATION DE L’ACCORD DE CESSION
D’emblée, je tiens à dire que ni Westbridge, ni aucun des autres actionnaires de la banque n’a conclu d’accord récent avec le gouvernement. Westbridge a bel et bien écrit au gouvernement le 28 octobre dernier pour solliciter l’aide de la Primature à clarifier la situation de prise en otage dangereuse dans laquelle la banque, ses employés et ses actionnaires se trouvaient.
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Dans notre courrier nous demandions l’aide du Premier ministre, son Excellence Amadou Gon Coulibaly, pour aboutir à une conclusion rapide qui permette soit (1) à Westbridge d’entrer en contrôle effectif de la banque dont elle est actionnaire majoritaire, ou (2) d’entamer un dialogue pour nous libérer et libérer la banque de la situation dangereuse dans laquelle elle se trouve.
» Il n’y a cependant pas « d’accord à l’amiable » entre Westbridge ou un autre actionnaire et l’Etat de Côte d’Ivoire à propos de rachat d’actions ou d’annulation de contrat de cession »
Les actionnaires historiques, qui avec Westbidge, contrôlent plus de 96% de l’actionnariat se sont inscrits dans cette démarche, laquelle démarche a aussi été entérinée lors de l’Assemblée générale des actionnaires du 31 octobre, en présence de la représentante de l’Etat et en présence des observateurs de la commission bancaire. Les actionnaires ont aussi demandé à ce que l’Etat puisse justifier de sa présence continue dans les réunions de conseil d’administrations de la banque.
« AUCUN ACCORD » :
PCA BHCI
Il n’y a, à notre connaissance aucune banque à actionnariat privé qui vit cette expérience d’immixtion continue d’une entité ou de personnes qui ne sont ni actionnaires, ni dirigeants nommés par les actionnaires-propriétaires. Nous avons dans notre lettre du 28 octobre 2019, demandé une audience auprès du premier ministre pour éventuellement entamer la discussion sur les modalités de rachat ou celles de notre prise de contrôle effective de la banque. Nous étions, et sommes toujours dans l’attente de cette audience qui n’a malheureusement pas encore pu avoir lieu, du fait de l’agenda très chargé de son Excellence le Premier ministre.
« La BHCI est contrôlée et gérée par des individus qui ne sont ni actionnaires ni gérants de fait »
Il n’y a cependant pas « d’accord à l’amiable » entre Westbridge ou un autre actionnaire et l’Etat de Côte d’Ivoire à propos de rachat d’actions ou d’annulation de contrat de cession. Je vous exhorte à vous recentrer sur le travail et sur nos clients du mieux que vous pouvez, dans ces circonstances difficiles. Le conseil d’administration que je préside va se réunir dans les jours à venir et prendre les dispositions juridiques que la situation impose et je vous tiendrai au courant. En attendant, vous trouverez dans les lignes qui suivent des précisions plus spécifiques sur les sujets qui vous préoccupent.
LA GOUVERNANCE
La gouvernance a souvent été une source de friction et de problème au sein de la banque. Mais la situation de mal-gouvernance que nous vivons ces derniers mois est exceptionnelle dans le blocage dangereux qu’elle a créé. Les actionnaires à qui on demande des contributions en capital de plus en plus élevé sont effectivement exclus de la gestion de la banque. De fait, la BHCI est contrôlée et gérée par des individus qui ne sont ni actionnaires ni gérants de fait. Vous le savez tous aujourd’hui, le ministre des Finances et directrice de cabinet du ministère des Finances sont en contrôle de la gestion de la banque, et ce depuis déjà des mois, créant ainsi une confusion juridique préjudiciable à la banque et aux intérêts des actionnaires légitimes.
« LE CAPITAL DE LA BANQUE ET LA LIQUIDITÉ » (PCA BHCI)
En octobre 2018, l’AG et le conseil d’administration de la banque ont approuvé et entériné la décision de recapitalisation de la banque, la première depuis 2009. Sur les 5 milliards de recapitalisation initiale, NSIA et Westbridge ont procédé à la souscription et libération de plus 3,6 milliards, ce qui a permis à la banque d’être à niveau en termes des normes de capital minimum, la première fois en une décennie. Cet effort, au demeurant insuffisant, a été cependant entaché d’un vice de forme qui risque d’en causer l’invalidation.
Alassane Ouattara et Amadou Gon Coulibaly, le 6 novembre 2019 au palais présidentiel du Plateau. PCA BHCI
Alassane Ouattara et Amadou Gon Coulibaly, le 6 novembre 2019 au palais présidentiel du Plateau
En effet, l’absence des commissaires aux comptes à l’assemblée générale qui a approuvé l’opération de recapitalisation est, aux regards du régulateur une possible cause d’invalidation. Or une telle invalidation viendra remettre en cause toute la structure capitalistique actuelle de la banque et tous les efforts de renflouement que nous menons depuis des mois. Avec l’ensemble des actionnaires, Westbridge pense que le problème de liquidité que traverse la banque ne constitue en rien un problème insurmontable. Nous sommes d’avis que les fondamentaux de la banque sont solides et ne remettent pas en cause sa capacité à continuer de fonctionner.
Adama Coulibaly, ministre de l'Economie et des Finances.
PCA BHCI
Adama Coulibaly, ministre de l’Economie et des Finances
Par contre, la question de la gouvernance et l’incertitude qu’elle engendre sont de nature à décourager l’investisseur le plus confiant. Il nous parait irréaliste de penser que des investisseur-propriétaires vont s’engager à investir dans une banque qu’ils ne contrôlent pas. La question de la liquidité et celle de la recapitalisation requièrent que ce problème d’immixtion étrangère soit résolu d’abord. Et nous pensons que être en mesure dans les jours à venir de trouver une solution raisonnable qui rassure les clients, protège les emplois et garanti aux investisseurs locaux et étrangers la protection de leurs droits.
James Clayton
Président du conseil d’administration (PCA BHCI)
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