Lors de la commémoration du 11 avril 2011 marquant le triomphe de la démocratie en Côte d’Ivoire, organisée jeudi dernier au palais de la culture, le ministre Moussa Sanogo a apporté des éclaircissements sur la question de la dette extérieure de la Côte d’Ivoire, objet d’une polémique.
Il a laissé entendre que la dette « est une question technique dont on veut faire un sujet politique », en faisant le raisonnement suivant : « Comme la Côte d’Ivoire a 25 000 milliards de Fcfa de dettes, alors le pays est dans une situation terrible. »
Or même avec ce montant, « le pays a une dette largement soutenable. »
Le ministre a indiqué que pour évaluer la dette, il faut la comparer à ses revenus et a précisé qu’il y a différents types d’indicateurs pour l’apprécier, suivant le niveau de revenu. « Si vous avez pris une dette de 50 millions de Fcfa pour construire une maison et qu’on vous prélève par exemple 200 000 Fcfa par mois, là où vous avez un salaire d’un million de Fcfa, ce n’est pas un problème pour vous. Mais celui qui a une dette de 500 000 Fcfa pour un salaire de 50 000 Fcfa, et à qui on prélève 30 000 Fcfa par mois, c’est compliqué pour lui », explique le ministre Moussa Sanogo.
Ainsi, pour apprécier une dette, on regarde votre niveau de richesse et pour ce qui est de la Côte d’Ivoire, son PIB est passé de 13 000 milliards de Fcfa quand le Président Alassane Ouattara arrivait au pouvoir à 50 000 milliards de Fcfa aujourd’hui.
Le budget de l’Etat est passé de 3 000 milliards de Fcfa à 13 000 milliards de Fcfa sur la même période. « Les ressources du pays se sont accrues de façon importante et rapportées à ces ressources, on a une dette qui est largement soutenable », précise Moussa Sanogo.
Dans le cas d’un pays, on examine également les indicateurs de liquidité, pour savoir si le service de la dette qu’il paie, par rapport à ses revenus, lui permet de tenir. « Là encore, la Côte d’Ivoire tient sans problème », affirme le ministre. Quand on regarde son service de la dette, rapporté à ses recettes fiscales, et quand on regarde son service fiscal, rapporté à ses recettes d’exportation, « la Côte d’Ivoire a les capacités de continuer à payer sa dette. »
En la matière, les recettes d’exportation sont très importantes parce que les dettes ne se remboursent pas en Fcfa mais en devises (euro ou dollar) que nos États africains acquièrent, entre autres, à partir des exportations.
Le ministre du Patrimoine, du Portefeuille de l’État et des Entreprises publiques note en conséquence que c’est une erreur d’apprécier une dette à partir de sa valeur nominale : « Ceux qui analysent la dette, ce n’est pas cela leur instrument d’analyse. Ils font leur analyse à partir de ce qu’on appelle la valeur actuelle nette de la dette, qui est le premier indicateur du stock. » Si vous avez contracté une dette de 50 millions par exemple, à la fin vous payez 60 millions de Fcfa, qui est le vrai chiffre de votre situation de dette.
Tous ces indicateurs sont évalués sur une période de 20 ans et c’est après cela qu’on dit qu’un État a une dette soutenable ou non. De plus, des scénarios sont élaborés, en partant de chocs rares mais plausibles comme la chute du cours des matières premières, pour savoir si un État peut être à mesure de continuer à payer sa dette si une situation difficile survenait.
« Quand on finit de faire tout ce travail, on dit que votre risque de surendettement est soit faible, modéré, élevé ou avéré. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, le risque de surendettement est jugé modéré », a conclu Moussa Sanogo.
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