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Economie

Placement d'argent / Rendements élevés : Voici pourquoi il faut éviter de se laisser emballer

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À l'instar de la Côte d'Ivoire, plusieurs pays se sont élevés contre les pratiques d'entreprises proposant aux populations des produits de placements financiers de rêve pour des raisons légales. Ainsi, la volonté de protéger les banques, les établissements financiers, les institutions financières, les micro-finances, voire le système financier dans son ensemble, est sous-jacente à une protection des investisseurs physiques ou moraux qui se jettent en pâture à ces vendeurs d'illusions.

Les spécialistes des marchés financiers relèvent que le rendement élevé proposé au candidat au placement d'argent ne doit pas lui faire occulter qu’il n’existe pas de rendement élevé "sans risque élevé". "Sans risque élevé" pour faire observer que plus vous misez plus vous êtes impacté positivement ou négativement. Ainsi, la déception est à la mesure du montant investi. Dans le cas des sociétés ivoiriennes d'agro-business notamment, les investissements étaient minimes et colossaux pour des gains individuels dépassant l'entendement humain. Ainsi, l'arrêt des activités a touché forcément tout le monde relativement au fait que les retours sur investissement allaient de 300 à 1000 % du capital investi à très court thème (2 à 6 mois).

Cependant, celui qui mise 100 000 francs Cfa et qui s'attend à avoir 400 000 francs Cfa après 6 mois et celui qui investit 400 millions de francs Cfa et qui est sûr de percevoir 1,6 milliard de francs Cfa pour la même période n'ont pas vécu le même drame. "Aucun discours commercial ne doit faire oublier qu’il n’existe pas de rendement élevé sans risque élevé", conseillent les Autorités des marchés financiers (Amf) de la France et du Québec. Les spécialistes de l'épargne publique estiment qu'avant tout investissement, les intéressés doivent obtenir un socle minimal d’informations sur les sociétés ou intermédiaires qui leur proposent le produit (identité sociale, pays d’établissement, responsabilité civile, règles d’organisation, etc.). Dans le cas ivoirien, ils sont nombreux les investisseurs indépendants qui n'ont pas eu cette préoccupation. L'enjeu, c'était plutôt de rassembler les sous, les déposer et attendre les gains. Une course contre la montre pour être riche en 2, 4 et 6 mois. Dans un tel cas, il n'y a pas de place pour des questions : quelle est l'identité sociale de l'entreprise? Quel est le pays d’établissement, sa responsabilité civile, ses règles d’organisation, etc. ? La preuve qu'on n'a pas retenu la leçon des Akoundan Ouflè, Agricash, Greenweb consultant, Monhévéa.com, Maktub-Ivagrop, et consorts c'est que les victimes de ces vendeurs d'illusions continuent d’être enregistrées. En juin 2018, la Sie Sarl, dont le promoteur est en fuite, a promis à des populations, un retour sur investissement équivalent à 400% de l’apport initial, 6 mois plus tard.

On s'hypnotise. Au finish des milliers de personnes ont investi dans ce qu'elles ne comprenaient pas. Une faute grave, selon les financiers, parce qu'en même temps que le piège engloutit l'investissement, il absorbe la capacité de raisonnement de l’investisseur qui a souscrit sans réfléchir. "N’investissez que dans ce que vous comprenez", conseille fortement l'Amf France qui a annoncé, au début du mois de juillet, avoir épinglé, la société Agronomix France du groupe Agronomix, qui menaient des activités non autorisées, selon elle. Le candidat au placement d'argent doit également se poser la question de savoir comment est réalisée la valorisation du produit proposé (prix d’achat ou prix de vente). Il doit se renseigner avec précision également sur les modalités de revente du produit et les délais liés. Le nombre élevé des souscripteurs enrôlés du récent scandale d'agro-business en Côte d'Ivoire (plus de 50 mille souscripteurs identifiés pour remboursement, selon un document public de l'Administrateur séquestre, Koné Drissa)- étant entendu que des souscripteurs ont refusé de se faire enrôler pour des raisons inconnues- est révélateur de cette conscience unique intéressée par les gains rapides. Les psychologues ne disent-ils pas que "l'appât du gain est plus fort que le gain !"? Le dossier agro-business nous aura beaucoup appris. Vu qu'il y avait de nombreux manquements liés aux "plantations clé en main". Dès que le Procureur de la République est apparu, tout s'est écroulé tel un château de cartes.

Une ingérence amère mais... Les choix opérés par l’État ivoirien quant au phénomène d'agro-business portant sur des "plantations clé en main" ont, dès novembre 2017, gêné plus d'une personne. Pourtant, le commun des mortels devait s'y attendre puisqu'un Procureur de la République a mandat pour exercer l'action publique à des fins de protection de l'intérêt général. De façon générale, les investisseurs indépendants, qui ont souscrit aux multiples produits des sociétés engagés dans ce type d'agro-business leur permettant d'avoir de l'argent en vitesse, n'ont pas compris et condamné "l'ingérence" de l’exécutif d'abord et ensuite du judiciaire dans ce dossier. Plusieurs mois sont passés et l'eau a coulé sous les ponts depuis cette ingérence de l’État dans les affaires des sociétés d'agro-business dont Agricash, Greenweb consultant, Monhévéa.com, Maktub-Ivagrop, Agribiznet, Poly Agrobiz, Monsuccès, Ivoire Champs, Afrique au Champ, Cifide (Agrofinance), Gram’s Sarl, Agribio Sarl, AgrielIvoire, Self Agronomix, Leader Investissements et Arthur Coconut Mill, etc.

Entre l'attente des procès des dirigeants des sociétés accusées d'avoir organisé une vaste escroquerie et le remboursement des souscripteurs d'agro-business lancé en mars 2018, il y a eu un mouvement de détachement. Désormais, l'esprit est plus ouvert. Des irréductibles ont même opté pour l’enrôlement en vue d'un remboursement entier ou partiel de leur dû. Des investisseurs indépendants se sont reconvertis à de nouvelles activités agricoles plus concrètes et loin de toute complexité financière (nous y reviendrons). Des réflexions constructives permettent de comprendre comment les offres "plantations clé en main" étaient, dès le départ, du pipeau. Cela parce qu'à la réalité, les discours commerciaux des différentes sociétés étaient similaires et avaient un seul objectif : attirer le maximum de personnes avec des rendements élevés à obtenir sans risque. Cela alors que les risques, il y en avait à la pelle.

Les experts des marchés financiers le savent et le disent souvent : ne va pas sur le marché financier qui veut. Selon eux, pour y aller, il faut faire les bons choix sur les marchés financiers. Pour ce faire, il est conseillé fortement de se faire assister par un sachant. On peut choisir de souscrire à des emprunts obligataires ou prendre des actions d'une société en bourse. Émis par une personne morale, c’est-à-dire une entreprise privée, une société publique, un État ou une collectivité, l'emprunt obligataire est une dette contractée par l'émetteur pour faire face à un objectif annoncé. Il est garanti et assuré et propose un taux fixe dans un délai précis au souscripteur. Ce type d'offres est disponible avec le Trésor public ivoirien qui a déjà donné les preuves de sa bonne signature sur le territoire national, en Afrique et sur le plan international. En ce qui concerne les actions, c'est un autre esprit. Acheter des actions dans une entreprise, c'est faire confiance à l'entreprise... mais également faire confiance au marché financier. Autrement dit, même si l'actionnaire est convaincu du prix d'une action, il ne doit pas se laisser aller à une autosatisfaction parce que le marché financier a ses intempéries. Le prix d'un actif financier évolue généralement en fonction de l'offre et de la demande. Le prix de l’action d’une société est également influencé par les activités de ses concurrents directs. La défaillance d'une bourse peut gêner tout un système. En somme, tout le système est dépendant de la dynamique et de la performance du marché financier. On est encore loin des spécialistes qui savent anticiper en retraçant les fluctuations du marché avec une grande variété. Quoique la manipulation de marché est illégale parce que depuis le départ tout est réglementé.

Gouvernance exigée. "Être coté sur une Bourse des Valeurs mobilières, en l’occurrence la Brvm, c’est faire le choix de la notoriété, de la transparence dans le cadre de la levée des fonds pour financer ses investissements et d’une certaine maturité de la gouvernance au sein de l’entreprise. Être coté à la Brvm nécessite une démarche, le respect de certaines conditions d’admission, la fourniture de documents requis et le respect des obligations d’information", informe la Brvm sur son site internet. Autrement dit, la levée de fonds et le placement d'argent sont des activités réglementées. Lorsqu'une entreprise s’intéresse à ces activités, elle doit donner les preuves qu'elle en a le droit. Ainsi, en plus d'être formelle, elle doit avoir ses comptes certifiés par un expert comptable - L’État même fait certifier ses comptes par la Cour des comptes parce que c'est un acte majeur de bonne gouvernance. Si l'entreprise ne le fait pas et mène des activités malgré tout, il appartient aux populations intéressées par ses offres de s'informer pour éviter les drames qu'ont vécus de nombreuses familles en Côte d'Ivoire. Le vieil adage "Nul n'est censé ignorer la loi" s'applique à tous. Cela ne signifie certes pas que chacun doit connaître par cœur chaque pan du droit. Toutefois, il est clair qu'aucun souscripteur ne peut tirer argument de son ignorance de la loi pour échapper aux sanctions qu'elle prévoit. Le complice d'un fraudeur est un fraudeur. Les "victimes" du récent scandale de l'agro-business doivent savoir donc que la justice aurait pu aller plus loin en poursuivant les personnes qui ont été complices des entreprises d'agro-business épinglées (parce qu'il y en encore qui savent être discrètes) en allant souscrire à leurs offres. Mais cela aussi c'est un autre débat parce que les prisons auraient refusé du monde.

 
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