Le manioc est une des principales cultures vivrières en Côte d’Ivoire. Sa forte consommation en fait une denrée essentielle de la sécurité alimentaire, tout en offrant des activités génératrices de revenus aux populations.
Le gouvernement ivoirien veut mettre un accent particulier sur la production de cultures vivrières de base pour couvrir les besoins des populations et assurer la souveraineté alimentaire. Et le manioc fait partie des cultures ciblées par la politique agricole. L’importance stratégique du manioc qui devrait devenir la principale nourriture du 22ème siècle, surtout dans les pays africains, a été mise en exergue par différentes rencontres. En Côte d’Ivoire, on le classe au deuxième rang des produits de base les plus consommés, après l’igname et devant le riz.
Il constitue l’aliment de base pour environ 800 millions de personnes à travers le monde et 500 millions de personnes en Afrique.
Ici, les initiatives se multiplient pour booster la production de manioc.
Le Programme de productions alimentaires d’urgence en Côte d’Ivoire (2PAUCI-CI), lancé le 16 février 2024 à Gagnoa par le ministère d’Etat, ministère de l’Agriculture, du Développement rural et des productions vivrières et qui vise à fournir aux producteurs des intrants de qualité, notamment des semences et des engrais, travaille à mettre en place 73 000 hectares de manioc à partir de boutures à haut rendement, en vue de produire 2 millions de tonnes additionnelles au niveau national. De 2010 à 2022, la production est passée de plus de 2,3 à plus de 6,3 millions de tonnes, l’objectif est d’atteindre 8 millions de tonnes en 2025.
Le Centre national de recherche agronomique (CNRA) a également mis au point des variétés de manioc à haut rendement. On peut citer les variétés Yavo, Yacé, Bonoua, Bocou. Les variétés Bocou 5 à chair blanche et le Bocou 9 à chair colorée ont un rendement potentiel de 40 tonnes à l’hectare.
Avec le soutien du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, le Centre régional d’excellence Wave (Central and West African Virus Epidemiology) pour les phytopathogènes transfrontaliers, travaille sur les maladies virales du manioc comme la striure brune, surnommée l’Ebola du manioc.
Ce centre a lancé le 22 mars 2022 à Songon une campagne de sensibilisation multidimensionnelle aux maladies virales du manioc et la mise en place d’un réseau participatif de surveillance épidémiologique. La campagne était intitulée « Ensemble sauvons notre manioc ».
Culture importante du point de vue de sa contribution à la sécurité alimentaire des populations, le manioc donne aussi des opportunités financières. Dans de nombreuses régions, la filière joue un rôle important dans l’autonomisation des femmes qui représentent environ 80% des producteurs, quasiment 100% des transformateurs et 90% des commerçants.
A N’Douci, Bouaké, Didiévi, les villages du district autonome d’Abidjan… le manioc a permis à de nombreuses femmes de sortir de la pauvreté.
A Man, dans l’ouest du pays par exemple, c’est dans la culture du manioc que se sont investies les veuves des fonctionnaires soutenues par la Cgrae.
« Nous avons décidé de créer des plantations de manioc. Et nous sommes accompagnées et soutenues par l’agence principale de l’Ips-Cgrae de Man », indique la présidente des veuves du Tonkpi, Lydie Dion San Goué. Selon elle, cette activité leur permettra de subvenir à leurs besoins.
Le Programme social du gouvernement (PsGouv), s’est intéressé à la culture du manioc. Dans le bilan à fin décembre 2023, il ressort du volet renforcement de la production et de la transformation du manioc que 37 650 tonnes de manioc ont été produites et mises sur le marché, 113 formateurs et 3 327 producteurs ont été formés aux bonnes pratiques agricoles. Dans le cadre du Projet d’appui du PSgouv (PaPsGouv), de nombreux jeunes ont été accompagnés. C’est le cas de Séraphin Yopini qui a réalisé en mai 2022, deux hectares de manioc avec la variété Yacé. Ce producteur a pu récolter 20,4 tonnes de tubercules en 2023.
Et pour la transformation du manioc, 5 unités semi-industrielles ont été construites et équipées pour 5 groupements de femmes transformatrices dont celui de Sanata à N’Douci.
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