C’est une histoire digne des pires drames de l’intérieur du pays : un conflit pour des pastèques volées dégénère en meurtre. Le prévenu, Abou Sow, a été jugé jeudi dernier par le Tribunal de grande instance de Louga, après avoir tué son ami à coups de machette pour des raisons qui, au départ, semblaient futiles. L’altercation qui a coûté la vie à Alassane Sow n’a rien d’un banal accrochage. Les faits remontent au 29 septembre dernier, dans le village de Mbaye-Mbaye, commune de Gueun Sarr, dans la région de Louga.
Ce jour-là, alors qu’il gardait son troupeau au forage pastoral, Abou Sow, 20 ans, s’est retrouvé face à Alassane Sow et deux de ses amis. Selon le prévenu, cette rencontre aurait dû se dérouler dans un climat de réconciliation, mais l’irritation des deux hommes a rapidement fait monter les tensions. Selon les détails rapportés par L’Observateur, tout a commencé, semble-t-il, par une simple demande de respect.
Abou Sow, en charge de son troupeau, avait auparavant exigé qu’Alassane et ses acolytes cessent de voler des pastèques dans les champs des paysans de Mpal. En effet, chaque nuit, ils profitaient de l’obscurité pour dévaliser les récoltes, empruntant le chemin qui passait près du campement d’Abou, ce qui risquait de le faire passer pour un complice. Cette situation n’a pas du tout été du goût des voleurs, et la confrontation s’est envenimée. D’après la version d’Abou Sow, le climat de tension a explosé quand Alassane l’a insulté et l’a frappé avec un bâton.
Poussé à se défendre, Abou a réagi en frappant son agresseur à trois reprises avec une machette. Les coups ont atteint Alassane à la main et au coude. Lorsque le sang a jailli, Abou a pris la fuite, effrayé par la réaction de ses assaillants. Le drame s’est intensifié lorsque la victime a été transportée d’urgence au dispensaire de Ndawas, puis au centre de santé de Sakal, où elle a succombé à ses blessures.
Le médecin-chef a immédiatement alerté la brigade de gendarmerie, lancée à la poursuite du jeune berger. Après plusieurs jours de cavale, Abou a été arrêté dans un refuge chez son marabout. Lors du procès, le jeune homme a exprimé ses regrets, insistant sur le fait qu’il n’avait pas voulu tuer Alassane. Mais ses aveux n’ont pas suffi à convaincre l’avocat de la partie civile, Me Nfamara Mané, qui a plaidé la préméditation et réclamé 10 millions de francs pour la famille de la victime.
De son côté, la défense a mis en avant la rapide intervention des secours comme un facteur atténuant, affirmant que la victime n’aurait pas succombé si les soins avaient été plus efficaces. Le procureur, convaincu de la culpabilité d’Abou Sow, a requis une peine de 5 ans de prison ferme. Toutefois, après délibération, le tribunal a tranché, infligeant au prévenu une peine de 2 ans de prison ferme pour coups mortels. La tragédie, née d’un vol de pastèques et d’une querelle mal gérée, aura définitivement marqué la communauté de Mbaye-Mbaye. Une simple dispute de jeunes est devenue un drame irréversible, laissant derrière elle une famille endeuillée et un village secoué.
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