5 août 2013 : Francisco Benitez se prend en photo. Dans deux heures, il va se donner la mort. Le récit de notre reporter sur cette affaire non élucidée.
Deux jours que je m’adresse à ce répondeur. Tous les projecteurs sont braqués sur Francisco Benitez, le père, qui se tait. Son silence depuis la disparition d’Allison, sa fille, et de Marie-Josée, son épouse, il y a presque trois semaines, le rend suspect.
Je tiens un scoop peut être, mais son ton me glace…
Samedi 3?août?2013, je tente un ultime texto : « M.?Benitez, nous avançons sur votre portrait. Votre parcours est exemplaire à la Légion après plus de vingt ans de missions. Allons droit au but : tout le monde vous accuse. Votre métier et votre silence ne jouent pas en votre faveur. Nous restons joignables à toute heure, contactez-nous. » Dimanche 4?août, 8 h 42, un SMS. Sa réponse, telle quelle : « Bonjour Mme?Lallement je suis entrant de vous prépare une série de fotos et commentaire que je vous faire parvenir. [sic] » Il écrit comme il parle. Nous entamons le dialogue. Il conclut : « Je vous fait confiance, et pas salir notre famille. [sic] » A 12 h 18, il appelle sur mon portable. Un accent espagnol à couper au couteau : « Vous êtes à Perpignan ? On va se rencontrer en fin de journée. » A 17 h 30, il me fixe rendez-vous, place de Catalogne : « Dans un quart d’heure. » Assise sur un banc, j’attends. Mon rythme cardiaque s’est accéléré. Je tiens un scoop peut être, mais son ton me glace… Mon portable sonne à nouveau : « Dirigez-vous vers le feu rouge en face de vous et attendez-moi là. » Il m’observe de loin. Je le cherche dans la foule. Sera-t-il seul ?
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