Adelina parle avec émotion de Marie, sa tante, poignardée à mort par un ex-compagnon. Dimanche, une marche lui rendra hommage.
Dimanche, Aubervilliers honorera avec une infinie tristesse la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Une marche silencieuse sera organisée en hommage à Marie de Barros. Cette jeune femme de 28 ans, mère de 5 enfants, sauvagement poignardée à son domicile le 15 novembre.
L’un de ses anciens compagnons est fortement suspecté. A ce jour, il n’a pas encore été interpellé. C’est sa fille de 8 ans qui l’a découverte, la carotide tranchée. La fillette a couru à l’étage chercher du secours. « Maman est blessée », bredouillera-t-elle affolée.
Les cinq enfants ont été pris en charge
Dans le logement se trouvaient les autres enfants, un garçon de 4 ans et des triplés de 9 mois. Aussitôt le parquet a déclenché le protocole « féminicide ». Ce dispositif confie les enfants témoins d’homicide ou de tentative de leur mère au service de pédopsychiatrie de l’hôpital Robert-Ballanger à Aulnay. Ils bénéficient pendant plusieurs jours d’une évaluation et d’un accompagnement psychologique avant d’être confiés à un tiers.
Depuis l’annonce du drame, les messages de solidarité affluent sur les réseaux sociaux. Une cagnotte* a été ouverte pour les enfants de la jeune femme. Des portraits de Marie accompagnent des petits mots de réconfort. On y découvre une jeune femme resplendissante. Elle tient les triplés dans ses bras.
« On l’appelait la Rihanna du Sénégal »
Sur une autre photo, elle porte une couronne de fleurs dans sa chevelure brune. Elle défile, vêtue de tenues traditionnelles sénégalaises, son pays d’origine. Si belle Marie avait été mannequin au Sénégal. « On l’appelait la Rihanna du Sénégal. C’était le diamant de la famille, raconte admirative Adelina, sa nièce. Elle avait arrêté à l’arrivée de ses enfants. Elle voulait se consacrer entièrement à sa famille ».
En France, Marie travaillait chez Carrefour au Millénaire, à deux pas de son domicile. Maman célibataire, elle devait assumer seule sa grande famille. Le papa des triplés, un Sénégalais, projetait de la rejoindre en France. Adelina, 22 ans, était très présente depuis la naissance des triplés. « Marie me disait je suis la mère porteuse et toi la mère. En fait, nous étions comme deux sœurs ».
Son ancien compagnon menaçait de reprendre son fils
La jeune fille avait promis à sa tante de faire graver cette date sur un médaillon. « Comme ça, nous serions liées pour la vie. Je n’ai pas eu le temps de le lui offrir. Maintenant je vais me battre pour ses enfants », lâche-t-elle dans un sanglot.
Elle repense avec nostalgie au voyage de l’été dernier au Sénégal où réside la majeure partie de sa famille. « Les gens étaient impressionnés par cette jeune femme et ses triplés, ils lui disaient « Whaou la lionne », se rappelle avec émotion Adelina.
Chez elle, à son travail, Marie laisse l’image même de la joie de vivre. « Elle ne dégageait que du positif », confie une ancienne collègue. Elle évoque avec effroi ses derniers moments. « Ça m’a beaucoup choqué de savoir que les enfants ont assisté au drame ».
Rassemblement ce dimanche
Personne n’aurait pu imaginer cette issue tragique. Pas même Adelina qui était souvent à la maison. « Cet ancien compagnon n’a pas accepté qu’elle refasse sa vie », souffle-t-elle, reconnaissant qu’elle n’avait jamais été témoin de scènes de violence. « Il était chez elle tout le temps, menaçant de reprendre son fils. » La justice n’a pas non plus trace de plaintes.
Dimanche, à 15 heures une marche silencieuse partira de l’hôtel de ville et se rendra rue de Presles, devant l’immeuble de Marie aux Quatre-Chemins. « Elle sera l’expression de la solidarité des habitants avec les femmes, mères, filles, sœurs, victimes de violences sexistes », a écrit Meriem Derkaoui, la maire.
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