Les autorités d'Indonésie s’apprêtent à extrader plus de 150 citoyens chinois, arrêtés le week-end dernier pour leur implication présumée dans une escroquerie en ligne qui visait exclusivement la Chine. Au total, le préjudice de leurs forfaitures - lancées fin 2016 dans l’archipel indonésien - est estimé à près de 400 millions d'euros.
Les arnaques dont il est question sont des escroqueries téléphoniques, qui reposent sur un savant mélange de compétences technologiques et de savoir-faire psychologique.
Dans cette équipe de 150 personnes, plusieurs hackers étaient chargés d’une part de réunir des informations personnelles sur les futures victimes – à savoir des hommes d’affaires ou des hommes politiques chinois - et d’élaborer d’autre part certaines contrefaçons en ligne, comme de faux sites officiels par exemple.
Le reste de l’arnaque s’effectue ensuite par téléphone, les escrocs se faisant alors passer pour des policiers ou des responsables chinois de haut rang. L'objectif est de convaincre la victime d'envoyer de l’argent via un transfert bancaire en ligne, en échange de la promesse de résoudre un problème juridique réel ou fabriqué de toutes pièces.
Basés à l'étranger, ils se sentaient plus à l'abri de Pékin
Les ressortissants chinois qui viennent d’être arrêtés opéraient depuis trois bases distinctes en Indonésie : à Jakarta, la capitale ; à Surabaya, deuxième plus grande ville du pays ; sur l'île de Bali, vitrine touristique de l’archipel.
Pour rester discrets, ils n’ont jamais essayé, depuis ces différents points d’ancrage, de cibler directement d’autres pays ou l’Indonésie elle-même. Ainsi, les escrocs se croyaient probablement à l’abri de poursuites judiciaires, puisqu'ils agissaient depuis un pays tiers.
Cela leur permettait de se jouer plus facilement de la « grande muraille pare-feu de Chine », autrement appelé « bouclier doré », bref le programme de surveillance des autorités chinoises sur la Toile.
Des arrestations similaires dans plusieurs pays de la région
Ces derniers temps, les extraditions vers la Chine semblent se multiplier dans ce type d’affaires dans plusieurs pays d'Asie du Sud-Est. Pékin entend visiblement afficher sa fermeté et des arrestations analogues sont survenues récemment sur la base de renseignements émanant de la police chinoise.
En Thaïlande, au mois de juillet, 44 personnes – des ressortissants chinois et taïwanais – ont ainsi été extradées à la suite d’arnaques téléphoniques qui leur ont rapporté au total près de 3 millions d’euros. Au Cambodge, toujours en juillet, ce sont cette fois 74 personnes qui ont été déportées en Chine, en raison de fraudes similaires.
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article