« Shame ! Shame ! Shame ! » (« Honte »), crient des manifestants proavortement dans cette vidéo de The Providence Journal tournée dans les couloirs du Sénat de l’Alabama. Les élus de cet État américain ont adopté mardi le projet de loi sur l’avortement le plus restrictif du pays. L’IVG est interdite, même en cas de viol ou d’inceste. « Les élus de l’Alabama qui cherchent à contester le droit à l’avortement à l’échelle nationale sont à un pas de leur objectif d’interdire presque totalement cette procédure dans la législation de l’État », écrit le Birmingham News.
Seule manque désormais la signature de la gouverneure de l’Alabama, dont les positions antiavortement sont connues. « Selon ce projet de loi, une femme qui avorte ne pourrait pas être poursuivie. Mais le médecin serait accusé d’un crime de catégorie A passible de 10 à 99 ans de prison », poursuit le grand quotidien d’Alabama. Si elle est ratifiée, « la loi rentrerait en vigueur dans 6 mois », à moins que la justice ne s’y oppose, écrit Vox.com.
Objectif Cour Suprême ?
Plusieurs journaux l’affirment : c’est l’arrêt Roe v. Wade de la Cour suprême Roe de 1973 qui est visé. Ce dernier garantit le droit à l’avortement aux États-Unis. « Il y a marqué Cour suprême partout », juge une ancienne procureure de l’Alabama dans le Washington Post. Elle estime que le projet de loi est « conçu pour faire l’objet d’une contestation directe de l’arrêt Roe V. Wade ». « Le raisonnement qui sous-tend un projet de loi qui ne protège pas les victimes de viol ou d’inceste est que si l’avortement est permis dans ces cas-là, c’est que le fœtus, lui, n’a pas droit à la protection complète ». En d’autres termes, cela forcerait la Cour suprême - dont l’équilibre des pouvoirs a récemment tourné à l’avantage des conservateurs - à se prononcer sur cette question : le fœtus est-il une personne dès la conception ?
Bref, ce projet de loi permet, selon la juriste, d’aller « bien plus loin que toute autre loi se frayant un chemin dans les tribunaux ». Car « dans tout le pays, rappelle le Boston Globe, les législateurs adoptent des projets de loi restreignant l’avortement ». Le journal en dresse une liste. Il y a quelques semaines à peine, c’est « le gouverneurrépublicain de la Géorgie, Brian Kemp [qui] a promulgué une nouvelle loi » dite « sur les battements cardiaques du fœtus ». Elle « interdit les avortements dès qu’un battement cardiaque peut être détecté, souvent après seulement cinq ou six semaines, et avant que de nombreuses femmes ne sachent qu’elles sont enceintes ». Plusieurs journaux comparent d’ailleurs ces deux textes - en Géorgie et en Alabama -, à l’image du Montgomery Advertiser.
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