Pas moins de 89 documents issus des archives des renseignements français et datés en partie de l'année de disparition de l'opposant marocain Mehdi Ben Barka, en 1965, pourraient être fournis à la justice française sous peu.
« C’est une demande que nous avions faite, donc bien sûr, nous étions heureux d’apprendre la nouvelle », nous déclare Bachir Ben Barka, fils de l’opposant de gauche marocain Mehdi Ben Barka, disparu le 29 octobre 1965 à Paris. Ce 5 mai 2017 en effet, le Journal officiel français a annoncé que la Commission du secret de la défense nationale avait, le 20 avril, émis un avis favorable à la déclassification de 89 documents datés d’entre 1965 et 1966, issus des archives du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage, (SDECE, qui n’existe plus depuis 1982), relevant du ministère de la Défense, actuellement dirigé par Jean-Yves Le Drian.
Parmi les dizaines de documents, certains se rapprochent de beaucoup de la date de la disparition de l’opposant : une note en date du 11 octobre 1965, une autre du 2 novembre et plusieurs « fiches » en date des 2 et 3 novembre. Si le nom du général Mohamed Oufkir, homme fort du régime de Hassan II, jusqu’à sa tentative de putsch, est souvent cité au sujet de la disparition de Ben Barka, il n’en reste pas moins que c’est encadré par deux policiers français que l’opposant marocain a été aperçu la dernière fois.
Les archives classées, une vieille bataille
L’enjeu des archives du SDECE est important et connu de tous, depuis bien longtemps. En 1982, dans la foulée de l’arrivée de la gauche socialiste au gouvernement en France, le Premier ministre Pierre Mauroy demande déjà aux services de renseignement, la Direction générale des services extérieurs (DGSE, descendante du SDECE), de laisser la justice avoir accès à ses documents. Premiers espoirs, premier écueil. Une portion congrue de pièces est finalement rendue accessible. En 2000, quelques documents sont déclassifiés par le gouvernement de gauche de Lionel Jospin, puis en 2004, la ministre Michèle Alliot-Marie donne à son tour le feu vert pour une partie des archives.
En 2010, le juge Patrick Ramaël perquisitionne à deux reprises le siège de la DGSE. « Mais au final, les documents saisis n’avaient pas été rendus accessibles », regrette Bachir Ben Barka. Secret défense oblige. « Il est bien possible que dans les 89 documents dont il est question aujourd’hui, certains soient ceux dont on nous a dit en 2010 qu’ils ne pouvaient être accessibles », remarque encore le fils de l’ancien opposant.
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