Onze princes et des dizaines de ministres, dont certains encore en exercice, ont été arrêtés samedi en Arabie saoudite sur décision d’une commission anticorruption, a annoncé la chaîne satellitaire Al Arabiya, à capitaux saoudiens. Parallèlement, les puissants chefs de la Garde nationale saoudienne, une force d’élite intérieure, et de la Marine ont été limogés.
« Onze princes et quatre ministres en exercice arrêtés », a tweeté la chaîne, qui n’a pas cité ses sources. Plus tôt elle avait déjà fait état de l’arrestation de dizaines d’anciens ministres. L’information n’a pas été confirmée officiellement dans l’immédiat.
Donner une image « modérée »
Ces arrestations interviennent peu après la création, par décret royal, de cette commission, dirigée par le prince héritier et homme fort du royaume ultra-conservateur, Mohammed ben Salmane, âgé de 32 ans et surnommé MBS. Contrôlant les principaux leviers du gouvernement, de la défense à l’économie, Mohammed ben Salmane semble chercher à étouffer les contestations internes avant tout transfert formel du pouvoir par son père, le roi Salmane, âgé de 81 ans.
Fin octobre, MBS, issu de la jeune génération princière saoudienne, a promis une Arabie « modérée », en rupture avec l’image d’un pays longtemps considéré comme l’exportateur du wahhabisme, une version rigoriste de l’islam qui a nourri nombre de djihadistes à travers le monde.
Il a lancé plusieurs chantiers de réformes - droit de conduire pour les femmes et ouvertures de cinémas notamment - qui marquent le plus grand bouleversement culturel et économique de l’histoire moderne du royaume, avec une marginalisation de fait de la caste des religieux conservateurs.
Arrestations de voix critiques du pouvoir
Dans le même temps, il a œuvré pour renforcer son emprise politique sur le pouvoir, procédant notamment en septembre à une vague d’arrestations de dissidents, dont des religieux influents et des intellectuels.
Selon des analystes, nombre de ces dissidents critiquaient la politique étrangère musclée du jeune prince héritier, comme le boycott du Qatar, ainsi que certaines réformes comme la privatisation d’entreprises publiques et la réduction des subventions de l’Etat.
Parmi les personnes arrêtées figurerait le prince et milliardaire Al-Walid ben Talal, connu pour son franc-parler et qui avait lancé il y a un an un vibrant appel pour que les femmes obtiennent le droit de conduire, selon des sites web saoudiens.
« L’étendue et l’ampleur de ces arrestations semblent être sans précédent dans l’histoire moderne de l’Arabie saoudite », a commenté Kristian Ulrichsen, membre du Baker Institute for Public Policy à la Rice University. « Si la détention du prince Al-Walid ben Talal se confirme, elle constituera une onde de choc sur le plan intérieur et dans le monde des affaires internationales », a-t-il estimé.
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article