Deux événements majeurs illuminent l'industrie cinématographique mondiale. La France accueille le vendredi 2 mars la 43è cérémonie des « César » et deux jours plus tard, les États-Unis referment leur saison des prestigieuses distinctions avec les « Oscars ». Parmi les nombreux prix décernés, deux d’entre eux mettent à l'honneur la lutte contre le racisme subi par les africains-américains dans ce « pays de la liberté » où le côtoiement quotidien ne réussit pas toujours à faire admettre l'autre comme un semblable. Bien au contraire, les considérations racistes subsistent et traversent les générations. « I Am Not Your Negro » est distingué meilleur film documentaire aux « César » et « Get out » rafle l'« Oscar » du meilleur scénario original.
Deux films, deux époques, deux histoires différentes, et une thématique identique. Le thriller « Get out » se situe dans un contexte un peu plus contemporain. C'est une fiction qui peint la vie de milliers de couples métisses dans une Amérique elle-même métissée qui peine cependant à l'admettre et à vivre cette vie « multicolores ». Le sujet touche autant le réalisateur que son personnage principal.
Jordan Peele est un afro-américain et Daniel Kaluuya qui campe le rôle de Chris Washington est un Britannique d'origine ougandaise. Chris est un jeune photographe. Il vit depuis quelques mois avec Rose Armitage, une blanche. Les deux amoureux partent rendre visite aux parents de la jeune dame, la psychiatre Missy et le neurochirurgien Dean Armitage. Si ces derniers semblent l'accepter comme gendre, c'est qu'ils veulent se servir de lui pour une expérience chirurgicale. Avant lui d'autres noirs ont fait les frais de cette famille de psychopathes. Un scénario qui donne une jeunesse au propos de Malcolm X : « ils n'ont plus besoin de nous alors ils vont tous nous tuer ».
Est-ce donc un hasard si Malcolm X est présent dans « I'm not your negro » ? Le documentaire réalisé par le cinéaste haïtien Raoul Peck présente un portrait saisissant de l'écrivain et activiste afro-américain James Baldwin. Cet auteur produit une vingtaine d'œuvres dont le roman Going to meet the Man (Face à l'homme blanc) et surfe dans presque tous les genres littéraires.
Baldwin a entrepris de condenser dans une œuvre unique, les vies de trois éminents défenseurs des droits civiques des Noirs en Amérique : Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King. « Je veux que ces trois vies se heurtent et se répondent mutuellement », avait-il envisagé. Mais, le projet intitulé Notes for Remember this House ne sera pas achevé. À sa mort en 1987, ses notes ne font qu'une trentaine de pages. Sur la base de ses reliques, d'images d'archives et bien d'autres sources, le réalisateur Raoul Peck prolonge l'engagement de James Baldwin. Ce portrait est une mise en situation des Noirs en ce milieu du XXè siècle. Une communauté ségréguée, victimes de toutes les formes de discriminations et de souffrances. 31 ans après la mort de Baldwin, les États-Unis ne sont pas devenus cet autre pays ( Another country) comme il l'a écrit et souhaité. Peck interroge donc à travers ce documentaire la société américaine partant occidentale sur la condition des Noirs principalement, et des minorités.
Raoul Peck, originaire d'Haïti, se positionne comme le portraitiste des défenseurs des droits des « Blacks ». Il est l'auteur du film « Lumumba, la mort d'un prophète » en hommage à cet autre icône de la lutte de l'émancipation des Noirs.
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