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Coronavirus : « Je ne sais pas combien de temps on va tenir », s’inquiètent les travailleurs du sexe

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Coronavirus : « Je ne sais pas combien de temps on va tenir », s’inquiètent les travailleurs du sexe
Déjà particulièrement précarisées avant le début du confinement lié à l'épidémie de coronavirus, les travailleurs du sexe - en majorité des femmes - se retrouvent plongées dans une crise, à l’issue plus qu’incertaine. 

L’impossibilité d’exercer leur profession librement et la pénurie de clients leur supprime toute source de revenus. Pour eux, pas de chômage technique, quasi pas d’accès à l’aide de l’Etat aux auto-entrepreneurs. 


Plus qu’une option : se tourner vers les associations communautaires de travailleurs et travailleuses du sexe. Les rapports sexuels tarifés sont pourtant bien légaux en regard de la loi de 2016, ce sont les clients qui risquent une amende. 


 Lundi 6 avril, la Fédération des Parapluies Rouges, regroupant plusieurs associations de travailleurs du sexe, a réclamé la création d’un « fonds d’urgence » dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron. Dans celle-ci, les associations s'inquiètent qu' « à court terme, les plus démunis se retrouvent contraints de braver le confinement, non pas de gaieté de cœur, mais faute de moyens de subsistance car il s’agit de survivre ». 

 Pour l'instant, seul Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat à l'égalité entre les femmes et les hommes, a réagit déclarant qu'il était «très compliqué pour l'état d'indemniser une personne qui exerce une activité non déclarée telle que la prostitution». Amar, secrétaire générale du Syndicat du Travail Sexuel (Strass) et travailleuse du sexe fait le constat de cette situation inédite pour 20 Minutes.


 A la suite du constat qu’on partage avec les associations communautaires co-signataires de la lettre ouverte, nous avons demandé de déloquer un fonds d’urgence pour les travailleuses du sexe (TDS), dans des situations extrêmes. Il y a pour nous trois priorités. Le point fondamental est d’abord l’aide matérielle pour soutenir les nécessités de la vie courante, comme de la nourriture ou de l’aide pour payer le loyer. Ensuite, on a fait d’une priorité le logement à la suite de tous les retours que l’on a eus, selon lesquels beaucoup de TDS se retrouvent à la rue. 


 Puis les associations communautaires étant en première ligne pour lutter contre les phénomènes de précarisation des TDS, il est nécessaire de leur débloquer une aide pour pouvoir distribuer des kits de prévention, entre autres. En revendication sous-jacente, nous demandons l’arrêt de la stigmatisation des TDS et de la criminalisation de la profession. Depuis le début du confinement, beaucoup d’entre elles ont reçu des amendes lorsqu’elles allaient travailler. 


 On a surtout eu des retours de personnes qui n’avaient plus de quoi manger, immédiatement après le début du confinement. Comme je vous le disais, il y a des personnes qui sont dans l’incapacité de payer leur loyer. Même si tout le monde se doute qu’elles sont TDS, elles se retrouvent dans des situations où sans revenus immédiats elles doivent expliquer qu’elles ne sont pas salariées et qu’elles n’auront plus d’argent. Cela les pousse à faire des outings et au final à se retrouver à la rue.


 La situation des TDS qui travaillent en hôtel est aussi alarmante. Parce que les hôtels ont fermé, parce qu’elles ne pouvaient plus les payer, parce qu’on a appris leur profession elles ont au final été expulsées. On a aussi eu des remontées de TDS trans et migrantes, qui sont les plus exposées. Il y a cette menace de se faire contrôler par la police et d’être expulsé du territoire pour les migrantes. Encore une fois on se retrouve avec des personnes qui sont à la rue, sans revenus et dans des conditions sanitaires déplorables. 


Pas de masques, pas de gants, pas de gel hydroalcoolique, elles n’ont pas accès aux soins. Il vaut mieux contacter les associations communautaires directement, selon là où on habite. Face à ce problème de logement, qui ne concerne pas que les TDS mais les femmes en général, les services de logements d’urgence sont débordés donc c’est très difficile d’avoir une place. 


Les associations communautaires vont prendre en charge les logements solidaires entre autres et vont se tourner vers des associations en mesure d’orienter les personnes en urgence. 


 Aujourd’hui, nous sommes complètement débordés, c’est pour cela qu’on a écrit cette lettre. On voit qu’on est en train d’épuiser nos forces sur le terrain, on voit que les associations déploient tout leur possible pour être en mesure de faire face à des situations d’urgence mais je ne sais pas combien de temps on va tenir.

 Les associations sont très bien organisées, on tiendra au mieux qu’on pourra mais nous avons besoin d’une aide.
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