Le Programme alimentaire mondial (PAM) a repris ses opérations dans la région éthiopienne du Tigré, alors que les combats avaient interrompu l’intervention d’urgence la semaine dernière.
Le PAM a fourni, jeudi, une aide alimentaire d’urgence à 10.000 personnes déplacées par le conflit dans la région d’Adi Nebried. Il a également distribué des aliments enrichis à 3.000 femmes et enfants, dont beaucoup souffraient de malnutrition, à Endabaguna. Il poursuit ce vendredi les distributions, espérant atteindre 30.000 personnes dans le nord-ouest du Tigré d’ici le week-end.
« Nous avons les équipes sur le terrain, les camions chargés et prêts à partir pour répondre aux besoins alimentaires catastrophiques de la région », a déclaré Tommy Thompson, Coordinateur d’urgence du PAM basé à Mekele.
Face aux besoins urgents, l’agence onusienne a augmenté la capacité de ses entrepôts à Gondar, Kombolcha et Mekele pour atteindre une capacité totale de stockage de 60.000 à 70.000 tonnes métriques. Si la sécurité se stabilise, les centres de Mekele et de Shire seront également des centres à partir desquels l’aide sera expédiée pour couvrir les besoins dans d’autres régions et pour assurer le stockage au cas où l’accès serait réduit. Environ 15 camions du PAM doivent être déployés à Shire.
Le PAM réitère son appel pour un « accès libre et sans entrave »
Plus généralement, le PAM vise à atteindre 2,1 millions de personnes. Il a jusqu’à présent fourni une aide alimentaire d’urgence à 1,2 million de personnes au cours de la première phase et à 500.000 personnes supplémentaires au cours de la deuxième phase.
Pour y arriver, l’agence onusienne s’efforce d’atteindre les populations dans environ 70 woredas ou districts. Depuis février, le PAM a distribué 510.000 rations alimentaires d’urgence aux enfants et aux femmes dans 43 woredas. En juin, le PAM a atteint près de 180.000 enfants et femmes enceintes ou allaitantes dans toutes les zones du Tigré, à l’exception de la zone occidentale.
Toutefois, l’agence onusienne estime que de graves difficultés menacent l’ensemble de la réponse humanitaire dans la région. « Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est d’un accès libre et sans entrave et d’un passage sécurisé garanti par toutes les parties au conflit, afin que nous puissions livrer la nourriture en toute sécurité », a ajouté M. Thompson.
Les combats ont interrompu les opérations humanitaires dans le Tigré à partir du 24 juin. Les opérations du PAM n’ont toutefois été totalement arrêtées que pendant deux jours avant de reprendre jeudi.
La destruction de ponts a un impact immédiat sur l’acheminement de l’aide
Sur le terrain, l’agence onusienne évalue actuellement la sécurité de deux autres zones dans le nord-ouest – Sheraro et Asgede – afin de déterminer si les distributions peuvent y reprendre. Le PAM aide les partenaires de l’aide alimentaire à effectuer des évaluations de la sécurité dans le but de reprendre également leurs opérations humanitaires dès que possible.
Les familles reçoivent une partie des derniers stocks de nourriture du PAM. Des vies seront perdues si les voies d’approvisionnement du Tigré ne sont pas entièrement ouvertes et si les parties au conflit continuent de perturber ou de compromettre la libre circulation des marchandises pour le PAM et les autres intervenants d’urgence.
Alors que le PAM est en train d’ajuster ses lignes d’approvisionnement et d’explorer des routes alternatives vers le Tigré, la destruction des ponts a eu un impact immédiat sur l’acheminement de la nourriture dans la région depuis Gondar. « Deux ponts importants menant au Tigré depuis Gondar ont été détruits jeudi », a alerté l’agence onusienne.
Plus de 90% de la population du Tigré ont besoin d’aide
L’organisme des Nations Unies a besoin d’assurer la sécurité de son personnel, de ses partenaires, des personnes qu’il sert et de l’aide qu’il fournit pour atteindre des millions de personnes ayant besoin d’une alimentation d’urgence et d’un soutien nutritionnel lorsque la faim sera à son comble dans les mois à venir.
Au total, 5,2 millions de personnes, soit 91% de la population du Tigré, ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence en raison du conflit qui sévit depuis novembre dernier. La dernière analyse de la classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC), effectuée en juin, a révélé que 350.000 personnes du Tigré souffraient de niveaux catastrophiques de faim (IPC 5).
Dans toute la région, 4 millions de personnes – 70% de la population – connaissent des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë (IPC 3 ou plus). Or les agriculteurs du Tigré ont manqué le mois de juin, le mois le plus propice aux plantations, en raison de la pénurie de semences et d’engrais.
La récolte principale de septembre sera donc affectée. Selon le PAM, il est fort probable qu’un grand nombre de personnes auront besoin d’une aide alimentaire d’urgence et d’un soutien nutritionnel jusqu’en 2022.
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