Une femme de 35 ans s’est présentée à l’hôpital suite à des chutes répétées et des sensations de chocs électriques dans les jambes. Le coupable ? Un ver parasite qui comprimait sa moelle épinière.
Quand cette femme de 35 ans s’est présentée aux urgences du CHU de Dijon, elle ne se doutait probablement pas que le responsable de tous ses maux était un petit ver, bien installé dans sa vertèbre. Depuis trois mois, la patiente souffrait d’une faiblesse au niveau des jambes, accompagnée de sensations de chocs électriques. Ces symptômes se sont aggravés, se manifestant notamment par des chutes répétées et des difficultés à monter à cheval. Un cas clinique inhabituel, qui fait l’objet d’un compte rendu publié le 12 juillet dans The New England Journal of Medicine.
Des tests physiques révèlent bien un problème au niveau des jambes, et une prise de sang montre un taux très élevé de globules blancs et de protéine C réactive, signe d’une inflammation aiguë et d’une possible infection. C’est grâce à une IRM de la colonne vertébrale que les médecins commencent à se douter de quelque chose: les images révèlent l’existence d’une lésion au niveau de la 9ème vertèbre thoracique, touchant aussi l’espace épidural, qui contient des racines nerveuses.
Les chirurgiens procèdent alors à l’ablation de cette vertèbre et de l’espace épidural touché, suivie d’une ostéosynthèse, une intervention qui consiste à stabiliser la colonne vertébrale en la soutenant à l’aide de matériaux métalliques. Des analyses biologiques ont par la suite révélé la présence d’un invité surprise: un Echinococcus granulosus, un petit ver qui parasite habituellement les intestins des chiens, mais aussi ceux d’autres animaux de compagnie ou d’animaux d’élevage. Il peut arriver dans de très rares cas que des œufs de ce ver soient accidentellement ingérés par l’homme, entraînant alors une hydatidose, une maladie parasitaire.
Comment ce petit ver s’est-il retrouvé là? La jeune femme pourrait avoir contracté le parasite en portant à la bouche ses mains contaminées par des larves, à cause de contacts répétés avec des animaux. Suite à son éclosion, la larve se serait frayé un chemin jusqu’à la vertèbre de la patiente, via la circulation sanguine. «C’est une migration aléatoire et quelque peu aberrante - l’ embryon parasitaire a migré et au lieu d’aller dans le foie ou les poumons comme le plus souvent, il s’est retrouvé dans la vertèbre», explique le Dr Lionel Piroth, chef du département d’infectiologie au CHU de Dijon. L’embryon s’est alors développé en kyste, formé de plusieurs larves, qui comprimait sa moelle épinière où passent les nerfs contrôlant les membres inférieurs. La formation du kyste étant très lente, cela explique l’apparition progressive des symptômes de la jeune femme. Chez l’homme, la maladie ne dépasse jamais le stade des larves, qui ne peuvent pas se développer en vers adultes. La jeune femme s’en est sortie indemne grâce à un traitement antiparasitaire et, neuf mois après son opération du dos, elle ne présentait plus aucun signe de la maladie.
Le taux de mortalité dû à l’hydatidose est faible, de l’ordre de 2 à 4%, mais «il augmente considérablement en l’absence de traitement, chirurgical et/ou médicamenteux», souligne l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Pour éviter la contamination, il est nécessaire de se laver les mains après chaque contact avec les animaux ou leurs déjections, conseille le Ministère de l’Agriculture. Pour les personnes souvent en contact avec des animaux, il faut laver régulièrement les vêtements de travail, gants et bottes.
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