Donald Trump a annoncé qu'il comptait "examiner" le dossier de Matt Golsteyn, un soldat accusé par l'armée d'avoir tué en 2010 un Afghan soupçonné d'être un taliban.
Pour défendre un soldat d'élite qu'il considère comme un héros mais que l'armée accuse d'avoir assassiné un Afghan soupçonné d'être un taliban, Donald Trump a pris le risque d'affaiblir la justice militaire américaine.
Le président américain a annoncé dimanche qu'il allait "examiner" le dossier d'un ancien membre des forces spéciales américaines, le commandant Matt Golsteyn, accusé par l'armée d'avoir tué en 2010 un Afghan soupçonné d'être un taliban.
"Il pourrait risquer la peine de mort infligée par notre propre gouvernement après avoir admis avoir tué, pendant qu'il était à l'étranger, un terroriste qui fabriquait des bombes", a-t-il tweeté.
M. Trump n'a pas précisé ce qu'il prévoyait de faire mais ses partisans ont multiplié sur Twitter les appels au pardon.
L'armée américaine a inculpé la semaine dernière Matt Golsteyn de "meurtre avec préméditation", pour avoir tué cet homme qu'il soupçonnait avoir fabriqué des bombes artisanales. Selon l'armée, l'homme avait été fait prisonnier, ce qui en fait un crime de guerre.
Le commandant Golsteyn ne s'est pas exprimé mais on épouse Julie, interviewée dimanche sur Fox News, a démenti fermement qu'il ait tué "de sang froid" cet homme. Le suspect "avait été relâché, il n'était pas prisonnier", a-t-elle affirmé.
Privé d'une médaille attribuée pour bravoure au combat
Selon l'avocat de Matt Golsteyn, Phillip Stackhouse, l'officier américain avait tout raconté sur ces faits à la CIA dès 2011. L'armée avait mené une enquête poussée mais les accusations de meurtre avaient été rejetées après un processus administratif en 2015.
Il avait été privé d'une médaille qui lui avait été attribuée pour bravoure au combat, et réprimandé.
En 2016, Matt Golsteyn avait reconnu sur Fox News avoir tué cet homme. Une deuxième enquête avait alors été ouverte, et de nouveau détails ont apparemment été révélés car il a été inculpé.
Un élu républicain de Californie, Duncan Hunter, a alors écrit à M. Trump pour lui demander de se saisir du cas de Matt Golsteyn.
"Ce n'est pas un assassin", indiquait M. Hunter. "C'est un soldat d'élite qui a rempli la mission pour laquelle il avait été formé. Il a tué un fabriquant de bombes afghan, auteur de la bombe responsable de la mort de deux Marines deux jours auparavant".
Pour Rachel VanLandingham, une ancienne procureure militaire qui enseigne aujourd'hui à la Southwestern Law School à Los Angeles, le président américain, qui est le commandant en chef des forces armées du pays, "a pour devoir légal de s'assurer que les allégations de crime de guerre font l'objet d'une enquête et sont jugées de façon adéquate".
Le tweet de M. Trump "montre qu'il ne comprend pas" que c'est son devoir, a-t-elle indiqué à l'AFP. "Le président ne s'assure donc pas, par son tweet, que justice soit faite, le plus probable est qu'il lui fait obstruction."
Avant Golsteyn, le "sale traître pourri" Bergdahl
Le président américain n'est pas censé faire pression sur les juges militaires, un comportement considéré comme une "influence indue de la chaîne de commandement" par le code de justice militaire américain.
Mais il a néanmoins le droit de se saisir de l'affaire et d'accorder son pardon au commandant Golsteyn, avant ou après une inculpation, a précisé Mme VanLandingham.
Ce n'est pas la première fois que M. Trump intervient dans une affaire de justice militaire. Pendant la campagne électorale, le candidat républicain avait traité le soldat américain Bowe Bergdahl, ex-captif des talibans pendant cinq ans en Afghanistan après avoir déserté son poste, de "sale traître pourri" qui méritait d'être exécuté.
Ces propos avaient poussé les avocats du soldat à présenter une demande en annulation, car ils estimaient que les commentaires du président ne pouvaient lui permettre un procès juste. Le juge avait rejeté cette demande.
A l'issue du procès, Bergdahl avait été renvoyé de l'armée pour manquement à l'honneur mais il avait échappé à la prison. Une sentence que M. Trump avait jugée "honteuse".
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