Le patron de Twitter, Tesla et SpaceX avait été le deuxième homme à voir sa fortune grimper au-dessus du seuil symbolique des 200 milliards de dollars, peu de temps après le patron d’Amazon, Jeff Bezos.
ÉCONOMIE - La fortune d’Elon Musk a fondu comme neige au soleil. À 51 ans, le nouveau patron de Twitter aura tout connu financièrement. Devenu la deuxième personne à atteindre la barre symbolique des 200 milliards de dollars de fortune personnelle, après Jeff Bezos, Elon Musk a désormais établi un nouveau record.
D’après la chaîne américaine Bloomberg, le PDG de Tesla est désormais la seule personne au monde à avoir perdu près de 200 milliards de dollars. Se basant sur les données du Bloomberg Billionaires Index, regroupant le classement quotidien des 500 personnes les plus riches du monde (en fonction de leur valeur nette), le média avance qu’Elon Musk a vu sa fortune chuter à 137 milliards de dollars, après une année noire pour l’entreprise Tesla.
Le 4 novembre 2021, la fortune personnelle du multimilliardaire culminait encore à 340 milliards de dollars, faisant alors d’Elon Musk la personne la plus riche du monde. Avant d’être dépassé en décembre 2022 par le Français Bernard Arnault, à la tête du groupe numéro un mondial du luxe LVMH. Bernard Arnault est aujourd’hui détenteur d’une fortune estimée à 162 milliards de dollars, selon le Bloomberg Billionaires Index.
L’ombre du rachat de Twitter
Pour expliquer les raisons de cette dégringolade inédite, impossible de pas s’attarder sur les dernières données des actions en bourse de la marque Tesla. À Wall Street, le fabricant automobile a en effet perdu deux tiers de sa valeur boursière en 2022, en raison des craintes sur la demande en véhicules électriques, sans compter l’effarement généré par les tribulations de l’entrepreneur après le rachat de Twitter.
Le constructeur a pourtant augmenté ses livraisons de 45 % sur les trois premiers trimestres, malgré les problèmes d’approvisionnement, et dégagé près de 9 milliards de dollars de bénéfices sur cette période en dépit de dépenses en forte hausse. Mais c’est toujours en dessous de l’objectif de long terme d’une augmentation des livraisons de 50 % par an.
Et même si Tesla domine encore largement le marché américain avec 65 % des parts de marché sur les neuf premiers mois de l’année, c’est bien moins que les 79 % de 2020 et ce chiffre devrait tomber à moins de 20 % en 2025, prédisent les analystes de S&P Global.
Mardi 27 décembre, l’action en bourse de Tesla a connu une nouvelle chute en bourse (-11 %), la dernière d’une longue série pour l’entreprise en 2022. D’autant plus que l’ombre de Twitter, racheté pour 44 milliards de dollars par Elon Musk fin octobre, plane toujours. Tesla a besoin d’un « chef qui puisse le guider à travers la tempête » et pas d’un patron « qui se concentre sur Twitter », estime Dan Ives, de Wedbush, dans une autre note publiée en fin d’année 2022.
Perte de crédibilité auprès des investisseurs
Pour ce fameux rachat, le multimilliardaire a d’une part vendu plusieurs milliards de dollars d’actions Tesla pour financer l’acquisition puis les frais de fonctionnement de son nouveau jouet, cédant encore pour 3,6 milliards début décembre alors qu’il avait affirmé au printemps n’avoir pas l’intention d’en vendre davantage.
Elon Musk a par ailleurs emporté le réseau social dans la tourmente, licenciant la moitié des employés, autorisant le retour d’internautes suspendus comme Donald Trump, ou bannissant des journalistes pour des raisons encore floues. « Musk a perdu toute crédibilité auprès de la communauté des investisseurs », avance Dan Ives en évoquant « les promesses non tenues » sur les ventes d’actions, « le fiasco de Twitter » et « les polémiques politiques » sur la plateforme.
Il est devenu « intenable » d’évaluer Tesla sans prendre en compte la gestion erratique de Twitter par Elon Musk, abonde dans une note récente Colin Rusch, d’Oppenheimer. Mais à la décharge de l’entrepreneur d’origine sud-africaine, l’action de Tesla a aussi pâti de la baisse généralisée des marchés boursiers cette année. Dans une conversation sur Twitter mi-décembre, Elon Musk a d’ailleurs reconnu que la hausse des taux d’intérêt et la situation économique allaient probablement ralentir la demande en Tesla. Mais « je continue toujours à prédire qu’à long terme, Tesla sera l’entreprise ayant la valorisation la plus élevée au monde », a-t-il affirmé.
Mercredi, dans un message aux salariés de l’entreprise consulté par la chaîne CNBC, il les a appelé à ne « pas trop se soucier de la folie du marché boursier ». Il faut dire que l’action du groupe avait bondi de plus de 700 % en 2020, puis de 50 % en 2021. Et si elle a repris près de 13 % sur les trois derniers jours de l’année, elle affichait quand même une baisse de 65 % sur l’ensemble de 2022.
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