Durant dix mois, une licenciée de 14 ans chez les Lions de Savigny, un des plus grands clubs français de baseball, a été abusée par son entraîneur âgé de 25 ans.
Coup de tonnerre chez un monument du base-ball tricolore. Aymeric, un entraîneur de Savigny, un club cinq fois champion de France et vainqueur de la Coupe d’Europe des clubs champions en 2002, aurait abusé d’une adolescente durant près de dix mois.
Le mis en cause, âgé de 25 ans et en concubinage, a reconnu les faits voici quelques jours face aux enquêteurs de la sûreté départementale. Il devrait comparaître en novembre au tribunal d’Evry pour agression sexuelle sur mineure de moins de 15 ans par personne ayant autorité. « Même s’il travaille aussi dans des écoles, il n’aurait pas fait d’autres victimes », indique-t-on au parquet d’Evry.
La jeune fille fragilisée par le décès de sa grand-mère
Tout démarre le 10 mars. La mère de la victime, inquiète de voir sa fille se renfermer depuis quelque temps, faire des crises d’angoisse, et constatant aussi une baisse des notes en classe, décide de l’interroger. « Je pensais que ça pouvait être la conséquence du décès de sa grand-mère », témoigne la maman. Elle découvre que sa fille est « amoureuse » depuis plusieurs mois.
Mais l’identité du compagnon incite la mère de famille à explorer le téléphone portable de sa fille. Elle découvre que l’entraîneur, au club depuis quatre ans, se montre très pressant. Il demande à l’adolescente de prendre de l’argent à ses parents pour payer une chambre d’hôtel. Il lui dit aussi de laisser ses parents aller à l’enterrement de sa grand-mère pour qu’ils aient le champ libre pour leurs ébats dans la maison familiale. Et prend des vidéos pornographiques.
Les parents de la fillette décident de déposer plainte. « Il a profité de la faiblesse de mon enfant, d’un moment où elle était triste pour abuser d’elle, c’est un pervers », lâche la mère de la victime. Lors d’un stage avec l’équipe de base-ball de Savigny, au printemps 2017, l’entraîneur qui est donc « une personne ayant autorité » selon la justice, se glisse dans la tente de l’adolescente, âgée alors de 14 ans. Leur relation démarre.
« Elle était trop jeune pour comprendre ce qu’il se passait »
« Elle était consentante, mais c’est une victime qui s’ignorait, elle était trop jeune pour comprendre ce qu’il se passait, indique une source proche du dossier. Il jouait de son statut et de son âge, il y a clairement eu manipulation. »
« Il y a eu un manque d’encadrement ou un dysfonctionnement dans le club de baseball pour que cela perdure pendant des mois », martèle la mère de la victime. Fin mars Aymeric, l’entraîneur, est parti en catimini. Le club a alors informé les licenciés. Quant à la victime, elle est retournée jouer au base-ball en attendant le procès.
« Mais elle est encore affectée, et moi je suis dans une profonde dépression. Avec mon mari, on se redresse pour nos enfants, confie la maman. Et je sens le regard des autres parents sur nous au club. Je ne sais pas s’ils comprennent qu’on est les victimes dans cette histoire. »
Un « sentiment de trahison » au club
Créé en 1982, le club de Savigny baseball compte près de 220 licenciés, dont 48 féminines. Il mise beaucoup sur l’éducation et la pédagogie. La plainte pour agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans par personne ayant autorité à l’encontre d’un entraîneur du club a secoué le président, Guillaume Coste. « On a un sentiment de culpabilité, de ne pas avoir pu protéger cette personne. C’est violent, aussi, de se retrouver auditionné. Parce qu’on doit se justifier. Mais par l’intermédiaire de mon adjointe, nous avons surtout voulu encadrer la famille de la victime. »
« On a ensuite souhaité informer les adhérents, poursuit le président. Parce que le pire, c’est de se taire. Et à la rentrée, aidés par l’association Colosse aux pieds d’argile, nous allons organiser des ateliers de prévention à l’attention des enfants. Pour que cela ne se reproduise plus. » L’entraîneur incriminé n’avait pas été choisi par le club. « Il faisait partie d’un programme de réinsertion mis en place pour une cinquantaine de jeunes de l’Essonne, relate Guillaume Coste. Il n’avait jamais fait de baseball. On a choisi de l’aider, de l’accompagner. De lui réapprendre le travail d’écriture pour passer ses diplômes. On a un sentiment de trahison de sa part. »
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