Les habitants de Santa Rosa, une localité touristique à 90 km de San Francisco, ont été réveillés vers 2 heures du matin par une persistante odeur de fumée. Ils n’ont eu que quelques minutes pour évacuer. Les flammes étaient déjà au-dessus de leurs maisons. Quelques heures plus tard, un quartier entier de cette ville, qui marque l’entrée vers les vallées viticoles renommées de Napa et de Sonoma, était réduit en cendres : villas avec piscine ramenées à quelques poutres, arbres transformés en squelettes, véhicules calcinés.
L’ouragan de flammes, qui est passé sur les comtés de Napa et Sonoma dans la nuit du 8 au 9 octobre, a laissé un bilan très lourd : dix morts (sept à Sonoma, deux à Napa et un à Mendocino), une centaine de blessés, dont plusieurs gravement brûlés, une cinquantaine de disparus, vingt mille personnes évacuées dans la panique ainsi que les pensionnaires de l’hôpital de Santa Rosa.
Etalé sur quatorze foyers dans huit comtés, il s’agit de l’un des incendies les plus destructeurs de l’histoire de la Californie depuis un quart de siècle. Jerry Brown, le gouverneur de l’Etat, a décrété l’état d’urgence et appelé à l’aide le gouvernement fédéral. « C’est grave, a-t-il mis en garde. La chaleur, le manque d’humidité et les vents aggravent une situation déjà dangereuse. » Mardi 10 octobre au matin, aucun des foyers recensés dans la zone n’était encore contenu. L’air était obscurci par la fumée jusqu’à San Francisco, où les autorités ont recommandé d’éviter l’exercice en plein air.
Extrême rapidité de propagation
Dans un Etat que la sécheresse a accoutumé aux incendies de forêt, le feu a surpris par son extrême rapidité de propagation. Le vent était d’environ 80 km/h mais il s’est accentué dans la nuit. Pris de court, les pompiers n’ont pas réussi à protéger les résidences. Quelque 1 500 maisons et commerces ont été détruits, ainsi qu’une école pour enfants autistes, un foyer de personnes âgées et un parc de caravanes où vivent des migrants.
Plusieurs établissements renommés ont aussi été ravagés comme l’auberge de luxe Fountaingrove Inn et les vignobles Signorello Estate et William Hill Estate à Napa. Lundi, l’hôtel Hilton Sonoma Wine Country à Santa Rosa n’avait plus que quelques murs.
Selon l’association des vignerons de la Napa (Napa Valley Vintners Association), les ouvriers agricoles avaient pratiquement terminé les vendanges mais le raisin attendait encore sur les pieds de cabernet sauvignon et de merlot.
Une trentaine d’ouvriers qui travaillaient jusqu’à la dernière minute, dimanche soir, sur l’Atlas Peak, ont été sauvés des flammes par les hélicoptères. La Californie produit 85 % du vin américain et les vallées de Napa et Sonoma sont fameuses pour leurs crus.
L’origine des incendies n’avait pas été déterminée mardi matin. Des renforts de pompiers étaient sur place. Le supertanker Boeing 747 loué il y a quelques mois par CalFire, le service de lutte contre les incendies, était en opération. Il peut déverser jusqu’à 230 000 litres de liquide à chaque survol.
Des feux faisaient rage également en Californie du Sud, à Anaheim, dans la banlieue de Los Angeles, alimentés par des vents violents. Plus de mille personnes avaient dû être évacuées, tandis qu’un nuage de fumée grise enveloppait la mégalopole. La Californie craint particulièrement la saison d’automne, quand les vents du nord dits « diablo winds » aggravent les feux alimentés par la sécheresse.
Avec Lemonde.fr
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